« J’entends par expérience esthétique une expérience qui comporte une part irréductible de contemplation, en rapport avec une forme d’expression symbolique. Cette expérience peut s’accomplir aussi bien dans le processus de production d’un objet que dans celui de sa réception. Ce que l’on pourrait appeler le « moment contemplatif » est indispensable à l’expérience esthétique, mais il peut rester partiel et n’être qu’une composante parmi d’autres de la relation à l’objet – en d’autres termes de l’expérience. »
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« Nous avons relégué la beauté en des lieux dédiés (musées, salle de concert etc.) pour ne plus avoir à la prendre en charge au quotidien et laisser libre cours à la seule productivité. Nous avons monnayé la laideur de ce que Hegel appellerait « la prose du monde » contre une contemplation intermittente des œuvres d’art dont nous nous trouvons en général totalement séparés. Pour justifier ce clivage nous attribuons des dons occultes aux artistes (inspiration par exemple). »« La simultanéité du rapport constitué/constituant, ne fait en effet pour moi guère de doute, mais l’expérience esthétique n’est pas en soi une expérience spéciale, ou plutôt c’est une expérience spéciale dans la mesure où c’est aussi un moment de toute expérience, sur lequel on peut fixer son attention ou au contraire le laisser en une zone d’horizon indistinct de la conscience. »
Christian BÉTHUNE, Éléments d’une discussion sur la catégorie d’expérience esthétique, 29 mai 2004, Ircam, (Samedi d’Entretemps consacré au livre de Christian Béthune Adorno et le jazz)