« Lorsque j’observe l’ensemble des choses que j’ai réalisées ces dernières années, je ne peux y trouver aucune continuité particulière, ni même aucun intérêt spécifique. Je suppose qu’il est bon que tout reste ainsi en suspens, bien qu’il me faille reconnaître que ça ne me plaise pas toujours. Ces derniers temps, j’ai tenté de ne plus exclure autant de choses qu’auparavant. Il y a quelques années, je voulais m’éloigner de tout ce qui ne correspondait pas à ce que je faisais alors. Maintenant, quand il se présente une distraction, je peux prendre le temps d’y penser, de l’écrire, de la photographier, de l’enregistrer, de la filmer, de la couler, de la manger, ou autre chose encore. En réalité, il me semble de plus en plus que les distractions sont plus intéressantes que le reste.
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Ceci suggère qu’il serait plus productif que chacun pense plus à ce qui le distrait. Ces signaux momentanés : ce chien aboyant, ces odeurs de graisse, cette chasse d’eau, ce drôle de cheveu. Comment décidons-nous de ce qui est important pour l’art, de toute façon ? Quand décidons-nous de faire quelque chose à ce propos ? »

Robert WATTS, « Dans l’événement », 1964 (“In the Event”, in The Times Literary Supplement n° 3258, Londres, 6 août 1964) - Fluxus Dixit, une anthologie, Vol 1, textes réunis et présentés par Nicolas Feuillie, Paris, Les presses du réel, 2002, pp. 155 à 159