« Même si personne n’a su regarder le jardin
A travers le sel des larmes et le feu des plaintes,
Même si nulle plante n’a jamais poussé
Dans le rouge désert des brûlés,
Même si des fleurs et violettes à foison
Il ne reste que cendre, ruinée, ruinée,
Même si notre route s’est écartée
Du printemps qui arrive par le chemin,
Parle nous encore de verdure et de violettes
Même si la brûlure de l’hiver les a noircies

Que ton mensonge ne rencontre que le salut !
Que ta ruse ne soit point nommée péché !

Réjouis notre coeur de quelque promesse
Fais patienter notre nuit avec une histoire
Afin que le soleil fleurisse avant que nous ne mourions
Afin que nous restions en attendant que la lune porte ses fruits. »

Simin BEHBAHÂNI, recueil "Marmar" (marbre) 1957-62, in Majmou’e-yé ash’âr (somme des poésies), Edition Negâh, Téhéran, 2003, p 403-404