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Foule-éclair : dans l’antre du réseau

Parismob n°3 - Une interview saisie en temps réel avec Jean-François
Publié le samedi 20 septembre 2003 à 18:22:37 par Isabelle Vodjdani

Il est 12h30. Voici le message que je viens d’envoyer à Jef :

Salut Jef,
Voilà le message que je viens de recevoir de Parismob :

"Le troisième Parismob aura lieu ce soir.
Synchronisez dès maintenant votre montre sur l’horloge
http://www.horloge-parlante.com/fr ou sur votre téléphone au 3699 ;

Rendez vous ce soir à 17h51 sur le banc se trouvant sur la petite place devant le 1 Quai de Montebello (Metro Saint Michel).
Une personne vous remettra la fiche d’instructions de ce Parismob.

Vous serez libéré au plus tard à 18h20
Dans la mesure du possible, apportez votre appareil photo.

Nous vous souhaitons un excellent Flashmob."

J’attends donc ton appel dès 17h 45 ou 17h50 au plus tard.
Je suis fin prête, j’ai installé le téléphone muni d’un haut parleur près du PC. Je rédige l’intro de notre interview.
Si Waleter vient avec toi, dis lui de prendre l’appareil photo pour que tu ne sois pas trop encombré.
Par la suite, on pourra intégrer ses photos dans l’article

A tout à l’heure,
Isa

En attendant l’appel de Jean-François, j’ai tout le temps de soigner mon introduction. Profitez en, cela ne va pas durer. Bientôt, les choses vont se précipiter, et il me faudra battre des records de vitesse au clavier pour suivre son débit de parole. Je peux vous dire d’ores et déjà, que ça ne sera pas facile, car Jean-François, Jef pour les intimes, est encore plus bavard que moi. J’ai beau avoir des années d’entraîement dactylo dans les doigts
(eh oui, il a bien fallu vivre de quelque chose pendant les années d’étude !) je ne pourrai pas tout retranscrire, c’est couru d’avance. D’ailleurs, Jef lui-même, parle tellement vite, que la moitié de ses phrases sont généralement ravalées dans quelque recoin inaudible de ses joues ou de son larynx.

Notre occupation favorite à Jef et moi, c’est de bavarder sans fin pour échafauder des tas de projets enthousiasmants que nous ne réaliserons jamais, parce qu’au fond, le monde est déjà tellement encombré, les esprits tellement saturés, la vie si courte, et le canapé du salon si confortable. Règulièrement, nos conversations sont ponctuées par des "à quoi bon" ou pour le dire plus savamment, par des "Vanitas vanitatum, et omnia vanitas", après quoi nous rions un bon coup et allumons d’autres mortelles cigarettes pour rebondir encore sur de nouveaux délires. Bref, nous meublons le temps avec un bouillonnement de projets plus ou moins confus, presque toujours abandonnés avant même d’être esquissés, et quand nos imaginations sont à sec, nous relançons notre sempiternelle promesse de fonder le club des "Inconséquents" qui, comme de juste, se caractérisent par une procrastination aussi jubilatoire que désabusée.

Mais figurez vous qu’aujourd’hui, J’ai réussi à décider Jef à sortir de son appart. Je lui ai demandé d’aller au 3ème flashmob de Parismob de ma part, pendant que je l’interviewerai au téléphone, tout en saisissant notre conversation en direct sur Transactiv.exe.

Ouais, c’est super ! A dit Jef, Il fait beau, et de toutes façons, j’ai un forfait téléphonique gratuit. Je suis curieux d’essayer, pour voir à quoi ça ressemble.

Entre nous dit, je devine que c’est surtout la perspective de bavarder encore au téléphone qui le motive ;)

Après tout il y a sûrement mille et une façons de participer à une foule-éclair. Depuis que je m’intéresse de près ou de loin au phénomène, mon intérêt sur les différents aspects de ce petit jeu se déplace. La 1ère fois j’étais intriguée, quand à la fin du mois de juin dernier, au détour de nos discussions sur H.Rheingold, ma collègue, Karen, me signalait le second
flashmob New-yorkais sur le site de Cheesbikini. Fin août au
retour des vacances, j’étais frustrée de manquer le premier flashmob
parisien
, et intéressée par les différents points de vues photographiques qui en avaient résulté. Début septembre j’étais déçue par l’étrange solitude que j’avais ressenti en participant au second Parismob, et très sceptique face aux connotations symboliques et religieuses qu’il véhiculait. Cependant, autant le rassemblement sur terre était décevant, autant les récits et les débats qui se poursuivent en ligne, ici comme sur d’autres sites, me paraissent intéressants dans la façon dont ils s’amorcent, se développent, et se croisent. J’ai donc décidé de participer à ce troisième Parismob en restant dans l’antre du réseau.

Dans ce jeu où la rencontre sur terre est surtout un alibi pour les commentaires en ligne, la vitesse de tir, comme le débit, valent leur pesant d’or (virtuel, éphémère et parfaitement vain, il va de soi). Je parie que notre Spip prolongé d’un simple téléphone domestique et d’un petit portable peut tirer plus vite que le laborieux thumb-writing des moblogueurs.

Bien sûr, je ne cours pas dans la catégorie des audio ou vidéo-streamers, ni dans celle des photo-mobbers (je ne vais tout de même pas me fendre de 400 euros pour un jeu aussi puéril !), mais pour ce qui est du récit, je crois qu’avec Jef, nous aurons de quoi assurer.

Il est 17h40, j’ai eu le temps de déjeuner, de faire le ravitaillement de la semaine, de bavarder avec Olivier au supermarché, de prendre le thé sur la terrasse,et j’attends l’appel de jef. Ah oui, j’ai aussi écrit à Thibaud, notre hébergeur chez PHPnet, pour lui demander de ne pas faire de travaux sur le serveur aujourd’hui. Ce n’est pas le moment d’avoir une panne.

J’avoue : j’ai un peu le trac. C’est sûr, mes doigts vont fourcher, il y aura plein de coquilles, je vais avoir très très honte !

Ca y est ça sonne

jef, dis moi où tu en es

jef : je suis sorti du métro, je suis avec Laurence, et j’ai rencontré un autre copain, du côté de la rue de la bûcherie, on voit des gens qui attendent. Rue de la bûcherie, il y avait une cinquantaine de personnes, et là nous arrivons au quai Montebello. Voilà nous sommes arrivés, il y a beaucoup de monde

isa : combien ?

jef : entre 30 ET 40, il y a des caméras. ca se passe sur le parvis de Notre Dame, on l’avait subodoré. On nous a donné le papier

isa : Qui t’a donné de papier ?

jef : une jeune femme blonde. Il y a une grosse caméra professionnelle avec un micro en mousse...

isa : j’entends pas !

jef : nous attendons que d’autres amis arrivent

isa : tu pieux me dire ce qui est écrit sur le papier ?

jef : alors voilà : "rendez vous dès maintenant sur le parvis de Notre Damen, promenez vous tranquillement sur le parvis comme un touriste, sans former de groupe jusqu’à 18H10. Restez dans la zone la plus vaste du parvis, en excluant la partie la plus proche de la cathédrale. à 18H10 choisissez vous une dalle et décorez la à votre choix.

isa : avec quoi ?

jef : on a eu une craie dès le départ avec les instructions

isa : tu sais qu’à Montréal , le dernier flashmob était comme ça, avec des flèches à mettre . alors la suite du texte ?

jef : à 18H12, prenez votre dalle en photo

isa : tu as un appareil ?

jef : oui . la suite : les participant les plus au centre du parvis forment un cercle en se tenant par la main. Chaque participant rejoint petit à petit à la ronde qui s’agrandit jusqu’à englober tout le parvis et le vider de ses occupants.

isa : ensuite ?

jef : à 18H14, vous formez un grand rectangle tout autour du parvis.

isa : oh la la !!

jef : attendez la sonnerie des cloches de Notre Dame, à 18H15, les cloches de ND sonnent, (ah là là...) , quittez les lieux en vous bouchant les oreilles avec les mains, comme si le son des cloches était assourdissant.

isa : eh ben dis donc, on dirait que le message, c’est d’être sourd à la voix de l’église

jef : oui, je sais pas, ça n’a aucun sens.

isa : j’entends pas

jef : ça a un côté centre aéré qui me laisse perplexe ;

isa : est-ce que tu as parlé à la dame blonde ?

jef : non il y a trop de monde, et de toutes façons maintenant on est sur le parvis.

isa : tu peux me décrire quelques personnes autour de toi ?

jef : dans l’ensemble, jeune, sympathique, beaucoup de couples

isa : est-ce qu’il y a beaucoup de gens seuls ? est-ce qu’ils se parlent ?

jef : les gens sont en groupe et ils parlent avec les gens avec lesques ils sont venus.

isa : décris moi les gens

jef : ben je sais pas, qui est sympathique. Il ya un couple qui me regarde bizarrement, parce que fais une interview en direct. tu veux que j’interview des gens ?

isa : tu as plan pour ton dessin ?

jef : ben non je sais pas encore, faudrait que je prévoie quelque chose, c’est comme un examen.

isa : qu’est-ce que tu pourrais bien dessiner sur le parvis de notre dame ?

jef : ben une télévision. Non trois télévisions. Une trinité télévisuelle. Voilà.

isa : tu as des craies de couleur

jef : j’ai une jaune. Laurence en a une bleue. une amie en a une rouge. mais je ne veux pas utiliser la rouge

isa : pourquoi pas la rouge.

jef : comme ça, parce que le père le fils et le saint esprit et que le saint esprit sera vert, le mélange du jaune et du bleu. et vert couleur d’espoir, et tralala...

jef : j’ai une amie récalcitrante, c’est ma nounou, je peux pas sortir sans elle. Ah il y a un chinois qui prie, les mains jointes face à la cathédrale. Je le photographie. Il n’est pas là pour le flashmob.

isa : qu’est-ce que tu en sais

jef : eh ben ça yest il est parti

isa : est-ce que Laurence veut me dire quelque chose ?

Lurence : non (je l’entends rire)

isa : est-ce qu’il y a de plus en plus de monde ?

jef : le parvis est quand même rempli. On est pas au coude à coude quand-même.

isa : est-ce qu’il y a la presse et la télé. beaucoup de journalistes ?

jef : attends je vais me balader un peu pour voir. A mon avis il y a une seule personne avec une grosse caméra. On est en train de s’installer près d’une dalle. Tu veux que je me mette en vue d’une caméra ?

isa : tu fais comme tu veux

jef : ah ça y est, ça commence,

isa : tu dessines là ? Appliques toi, jef

jef : on me dit qu’on a droit à une seule dalle

isa : qui t’as dit ça ? Il y a une police ?

jef : non non, c’est les gens, les autres participants

isa : qu’est-ce que tu dis là ?

jef : il y a plein de gens qui photographient. avec l’autre craie ça marche pas bien, j’ai du mal à faire du vert.

isa : il est beau ton dessin ?

jef : bof, remarque c’est mignon. Ah, c’est fini on nous fait faire la farandole, ça va vite finalement. On se fait écraser. Ah il y a la caméra qui filme .

isa : tu donnes la main à quelqu’un ?

jef : c’est fini maintenant, on fait le tour

isa : c’était quoi ce chahut ?

jef : rien, on attend les cloches. Il y a des gens qui passent au travers du cercle. On est filmé .

isa : c’est les cloches ça ?

jef : ouais ouais, les gens courent,

(j’entends un sacré bruitage)

jef : les gens on leur a dit de se boucher les oreilles mais ils ont ajouté le fait de crier.

(j’entends les cloches, et du chahut)

isa : c’est fini ? vous vous dispersez ?

jef : oui

isa : est-ce que les gens partent, ou est-ce qu’ils ont envie de rester ?

jef : oui, ils regardent les dessins au sol

isa : tu fais quoi ?

jef : je parle avec une fille, et je lui donnes l’adresse de transactiv.exe pour qu’elle aille voir le compte rendu

(j’entends jef qui interroge quelqu’un, ça vous a plu ? vous allez en faire d’autres ? mais je n’entends pas les réponses de la jeune fille. J’entends toujours les cloches.)

jef : la personne s’appelle Apoline, elle a vu le flash mob dans le journal, elle a même pas 20 ans, elle est avec des copines, les cheveux longs,...)

isa : bon jef, je mets en ligne l’interview. Tu viendras ajouter des commentaires sur le forum.

jef : ok, à plus


 
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