« Nasr Eddin est un homme gai et de bonne humeur en toutes circonstances. Si on lui en demande la raison, il répond d’un ton d’évidence :
— Moi, je sais ce qu’il y a dans le Coran.
Chacun admet pieusement cette excellente réponse. Un jour, toutefois, un jeune homme lui pose la question :
— Hodja, j’ai étudié le Saint Coran. Que renferme-t-il donc qui te rende si joyeux ?
— Des fleurs séchées que ma mère m’a envoyées et une lettre de mon cher ami Abdullah ! »
Sublimes paroles et idioties de Nasr Eddin Hodja, Tout Nasr Eddin, ou presque, recueillies et présentées par Jean-Louis Maunoury, Editions Phébus, Paris 2002, p. 250.
L’exercice de la transactivation convertit des situations en expériences vécues et racontées.
Les transactiveurs portent leur attention à toutes sortes de situations susceptibles de constituer à leurs yeux, l’objet d’une expérience esthétique intéressante. Leur choix ne se limite pas au champ balisé de l’art, mais s’élargit également à des situations rencontrées ou inventées.
Leur activité se fonde sur l’hypothèse que l’accomplissement d’un travail artistique réside dans ses multiples transactivations, c’est à dire les actes de réception, d’exploration et de coopération qui contribuent à donner vie et consistance à des situations.
En rapportant leurs expériences personnelles à travers des récits critiques, en écrivant et réfléchissant ensemble sur les implications idéologiques de leur travail, les transactiveurs souhaitent former un relais ouvert aux nouveaux contributeurs qui se reconnaîtront dans le désir de privilégier une approche plurielle, subjective et investie de l’art.
Les membres de transactiv.exe n’ont pas forcément de certitude quant à leur statut (artiste, critique, chercheur ?). Par contre, ils ont conscience de participer pleinement à la vie artistique par leur goût de l’expérimentation et leurs qualités d’agents sensibles.