« J-H M : Des créateurs qui ne se présentent pas comme des artistes, tout simplement parce que cette notion n’existe pas dans leur culture, doivent-ils être pour autant écartés ?
R S : C’est très ironique qu’après tant de défis pour élargir la conception de l’art en Occident, depuis Dada et même avant, ce soient les opérateurs de cet art qui défendent son intégrité, sauf dans le cas où un anti-artiste fait de l’antiart. Ils acceptent l’élargissement du champ artistique tant que les questions sont posées à l’intérieur du système de l’art parce qu’elles sont censées en finir avec la définition de l’art classique. Mais dès qu’on change de culture, on recommence à insister sur ces différences. C’est fou ! On ne peut pas être à la fois ouvert et fermé. »
« Penser avec les sens, sentir avec la raison ». Conversation entre Jean-Hubert Martin et Robert Storr à propos de la biennale de Venise, Art Press n° 335, juin 2007
L’exercice de la transactivation convertit des situations en expériences vécues et racontées.
Les transactiveurs portent leur attention à toutes sortes de situations susceptibles de constituer à leurs yeux, l’objet d’une expérience esthétique intéressante. Leur choix ne se limite pas au champ balisé de l’art, mais s’élargit également à des situations rencontrées ou inventées.
Leur activité se fonde sur l’hypothèse que l’accomplissement d’un travail artistique réside dans ses multiples transactivations, c’est à dire les actes de réception, d’exploration et de coopération qui contribuent à donner vie et consistance à des situations.
En rapportant leurs expériences personnelles à travers des récits critiques, en écrivant et réfléchissant ensemble sur les implications idéologiques de leur travail, les transactiveurs souhaitent former un relais ouvert aux nouveaux contributeurs qui se reconnaîtront dans le désir de privilégier une approche plurielle, subjective et investie de l’art.
Les membres de transactiv.exe n’ont pas forcément de certitude quant à leur statut (artiste, critique, chercheur ?). Par contre, ils ont conscience de participer pleinement à la vie artistique par leur goût de l’expérimentation et leurs qualités d’agents sensibles.