« Il [rabbi Nahman de Braslav] explique qu’en hébreu le mot "guérison", teroupha, vient du grec therapeia. Mot que l’on décompose en deux (parce que l’hébreu est une langue qu’on casse en morceaux, cela s’appelle "lire aux éclats") et ainsi le mot se transforme en lehatir pé, expression qui signifie "dénouer les nœuds de la bouche".
Ce que le Talmud commente en disant que la guérison est le fait de dénouer les nœuds de la bouche d’en haut et ceux de la bouche d’en bas. La fonction du récit est d’explorer les profondeurs de l’être et les possibilités du monde et, par le récit qu’on raconte et qu’on entend, de dénouer les nœuds que nous avons en nous pour pouvoir accéder à ce qui serait la joie, le bonheur, tout simplement.
Dans le Talmud, l’on dit que pour commencer une étude, il faut raconter des histoires parce que ça dénoue la pensée qui peut être rigide, enfermée dans des sujets préconçus, etc. »
Marc-Alain OUAKNIN, "Dénouer", in Pourquoi faut-il raconter des histoires ?, éditions Autrement, 2006, tome 2, p. 210-211.
L’exercice de la transactivation convertit des situations en expériences vécues et racontées.
Les transactiveurs portent leur attention à toutes sortes de situations susceptibles de constituer à leurs yeux, l’objet d’une expérience esthétique intéressante. Leur choix ne se limite pas au champ balisé de l’art, mais s’élargit également à des situations rencontrées ou inventées.
Leur activité se fonde sur l’hypothèse que l’accomplissement d’un travail artistique réside dans ses multiples transactivations, c’est à dire les actes de réception, d’exploration et de coopération qui contribuent à donner vie et consistance à des situations.
En rapportant leurs expériences personnelles à travers des récits critiques, en écrivant et réfléchissant ensemble sur les implications idéologiques de leur travail, les transactiveurs souhaitent former un relais ouvert aux nouveaux contributeurs qui se reconnaîtront dans le désir de privilégier une approche plurielle, subjective et investie de l’art.
Les membres de transactiv.exe n’ont pas forcément de certitude quant à leur statut (artiste, critique, chercheur ?). Par contre, ils ont conscience de participer pleinement à la vie artistique par leur goût de l’expérimentation et leurs qualités d’agents sensibles.