La cuvée 2005 des Rencontres Mondiales du Logiciel Libre se déguste à Dijon, du 5 au 9 juillet.
Le programme est touffu, et beaucoup de choses se chevauchent dans le temps. C’est normal, tout le monde n’est pas intéressé par les mêmes sujets.
J’interviendrai le mardi 5, dans le volet “Le libre au delà du logiciel" ?, coordonné par Antoine Pitrou et Julien Tayon qui animent par ailleurs l’excellent site Libroscope avec Raphaël Rousseau.
Voir aussi une autre présentation du volet “le libre au delà du logiciel" ? sur Libroscope.
Le titre de mon intervention s’est précisé depuis son inscription au programme il y a deux mois ; ce sera :
“Le Copyleft peut transformer en puissance la fragilité du semi-travail" ?. Cela concerne la portée des licences libres non logicielles dans l’art et la culture, en se plaçant dans cadre élargi des pratiques allant de l’amateurisme jusqu’au professionnalisme.
Le papier n’est pas encore en ligne. Pour le moment c’est un cannevas serré que je continue à compléter dare-dare entre les paragraphes. Je préviendrai quand il sera publié quelque part.
Le 8, je vais slalomer entre deux amphis, parce que le volet Méthodologie m’intéresse aussi.
Après, je mettrai le cap sur Karlsruhe pour voir cette chose étrange dont je n’arrive pas à me faire une idée à distance. Retour prévu, le 10.
Il serait peut-être temps de donner quelques nouvelles ; sortir de la douce torpeur du mood off-line dans lequel je commençais à me sentir trop bien.
Pour commencer, un petit compte-rendu de cette virée aux RMLL où le wifi ne marchait que par éclipses ; avec un peu de chance on pouvait avoir quelques minutes de connexion, et encore, il fallait s’installer dans le hall. Dans ces conditions je renonce et commute automatiquement sur le mode vacances.
Pour les rapports sérieux, et en ce qui concerne le thème "le libre au delà du logiciel" qui m’a essentiellement retenue là bas, il faudra guetter la mise en ligne des textes ou des enregistrements des intervenants sur le site de Libroscope. Cela risque de mettre un peu de temps, vu que pour ma part, je n’ai toujours pas fini de rédiger la version développée de mon intervention, et j’imagine que d’autres intervenants sont dans le même cas.
En attendant, quelques notes et impressions rapides où vous trouverez à boire et à manger :
Le Mardi 5 juillet
Beaucoup de monde dès le premier jour. Le hall du bâtiment des sciences Mirande au campus universitaire de Dijon était plein de geeks qui squattaient les bancs en tapotant sur leurs laptops posés en équilibre sur les genoux. Comme dans toutes les grandes messes du Libre, les stands débordaient de documentation, manchots en peluche et tee shirts Debian. A l’accueil central, Ludovic Pénet, grand organisateur des RMLL, aidé d’autres volontaires, distribuait les badges, les fiches de réservation pour les chambres d’étudiant et les tickets de resto-U. Le thème "Le libre au delà du logiciel" se déroulait dans une salle de cours excentrée au deuxième étage de l’escalier C. Je m’attendais donc à n’y trouver que peu de monde, mais à 14h, il y avait déjà une bonne trentaine de personnes dans la salle, et jusqu’au Vendredi, cette salle n’a jamais désempli. A certaines heures, elle était pleine à craquer avec du monde debout le long des murs et des groupes qui devaient tendre l’oreille depuis le seuil. On peut dire que Libroscope a eu un joli succès, et c’est bien normal avec une devise pareille :
"Plus que des logiciels libres, des hommes libres !"
J’ai pris la place de Benjamin Mako Hill qui était en retard. Ma conférence avait deux objectifs : premièrement, montrer, en s’appuyant sur quelques exemples empruntés à l’histoire de l’art contemporain, que les critères servant à démontrer l’intérêt des Licences Libres pour les logiciels, sont également pertinents pour l’art et la culture, deuxièmement, prendre la mesure de ce que des Licences Libres telle que la LAL peuvent apporter dans un écosystème qui est marqué d’une part par l’accès de plus en plus large aux activités créatives, et d’autre part par l’émergence du phénomène Pro-Am, dont le revers est aussi la précarisation croissante du travail. Trop vaste programme ! Bien qu’on m’ait laissé une heure et demie de parole, je n’ai pas pu tout développer de façon satisfaisante. Il paraît que j’ai les yeux plus gros que le ventre, et j’en fais tous les jours le douloureux constat en voyant la liste des tâches non finies s’allonger. J’ai dû renoncer à détailler quelques points de la première partie et il a fallu bâcler la seconde partie. Bon, mais vu les questions posées, l’auditoire avait l’air de suivre assez bien, même si parler d’art dans une assemblée de geeks paraît toujours un peu exotique. Je me console à l’idée qu’une ou deux choses utiles surnageront peut-être dans l’esprit de ceux qui étaient là.
Ensuite Benjamin Mako Hill a fait une conférence très intéressante sur le principe fondamental de "non discrimination radicale" du logiciel libre, et de l’ambiguïté idéologique qui en résulte. Les LL trouvent des défenseurs (comme des détracteurs) dans tous les camps, du plus anar au plus libéral. Le développeur qui collabore à l’élaboration d’un logiciel libre peut côtoyer en ligne toutes sortes de gens : des écolos, des nazillons, des businessman, des rascistes, des machos, des doux rêveurs. Tant que que l’on reste dans les limites de la fréquentation en ligne, tout ce monde réussit à coopèrer dans la plus grande fraternité autour du projet logiciel. C’est un constat étonnant et intéressant, dont on retient que les motivations qui regroupent des personnes autour de tels projets sont orthogonales aux grilles de valeur politiques et éthiques avec lesquelles nous avons l’habitude de décrypter le monde.
Observé à la sortie dans le hall, ce fascinant rituel d’authentification : 5 ou 6 geeks échangeaient leurs signatures électroniques. Tour à tour, chacun donne aux autres sa carte de visite sur laquelle figure une partie de sa clé chiffrée, puis il présente son passeport, et sur le passeport ouvert, il pose une languette de papier où se trouve inscrite la clé complète. Les vérifications sont minutieuses, les gestes coulés, tout se fait dans le calme et presque sans paroles. Les personnes forment un cercle serré, pour un peu ils iraient jusqu’à se palper mutuellement pour vérifier que l’autre n’est pas un ectoplasme ou un hologramme. Bonjour St Thomas ! Je demande si tant de précaution ne confine pas à la paranoïa. Raphaël Rousseau et un autre développeur m’expliquent que c’est une mesure de sécurité indispensable lorsqu’on échange des bouts de programmes et que l’on doit s’assurer de l’authenticité de la source. Il s’agit d’éviter les fausses attributions, et par conséquent le risque de récupérer des programmes véreux . C’est donc par ce rituel que s’instaure la relation de confiance : pseudo, vrai nom, corps, clé chiffrée, passeport, tous les éléments se rapportant à l’identité doivent être dépliés simultanément et en connexion physique les uns avec les autres.
Passés aux Tanneries pour un petit bout de Nocturnes, ambiance cosy-cyber-garage alternatif, mais trop de poivron dans la sauce à mon goût, et Julien Tayon n’aime pas la cuisine végétarienne. Finalement, nous sommes allés dîner dans un excellent bouchon lyonnais avec les 3 libroscopeux et leur ami Daniel Ulriksen le sérénissime, qui s’est révèlé être un co-pilote parfait pour m’aider à circuler en voiture dans Dijon.
Le Mercredi 6 juillet
Entendu Tim Morley à propos de l’Esperanto, et revu à cette occasion Thomas Petazzoni qui apprend l’Esperanto depuis quelques mois.
Arguments de Tim Morley : L’Esperanto est facile et pas cher à apprendre (même pour les chinois dit-il !), on trouve tout en ligne. Pas d’ancrage territorial, donc pas de nécessité de faire des séjours linguistiques coûteux. Pas d’indigénat, donc tout le monde est à égalité d’héritage devant la langue, contrairement à l’usage de l’anglais dans les colloques et réunions où les anglophones natifs sont favorisés du fait de leur meilleure éloquence. Notion de langue médiane ou le “linguistic handshake" : chacun fait un pas vers l’autre. Esprit de fraternité entre les esperantistes. Site recommandé : Lernu.net. Tentant, n’est-ce pas ?
Au passage, je signale que Thomas Petazzoni a publié sur son blog un compte-rendu très fourni des RMLL vu depuis son observatoire Interlug qui s’intéresse aux associations des utilisateurs de logiciels libres. Et là, il fait un compte-rendu enthousiaste de l’intervention de Tim Morley.
A midi, dans un autre amphi, j’ai pris en cours de route l’intervention de Mélanie Clément Fontaine. Elle parlait du droit d’auteur des programmeurs salariés en entreprise qui développent des logiciels en bonne partie sur leur temps personnel, mais de façon plus ou moins liée à leurs fonctions. Fred Couchet a interrompu la conférence pour annoncer la nouvelle du rejet de la directive sur les brevets logiciels : applaudissements !!
Déjeuner chez le marchand de Kebab avec Olivier Auber et Lunar.
Dans l’après midi, Benjamin Mako Hill a parlé des licences Creative Commons. 1ère demi-heure, présentation habituelle des licences, seconde demi-heure critique des licences : CC prétend s’inspirer des valeurs du logiciel libre (voir FSF), cependant la majorité des licences CC ne satisfont pas à ces critères. En tant qu’organisation ou mouvement, CC ne donne pas une définition claire de ce que serait une création libre. Selon B. Mako Hill, la liberté individuelle de choisir parmi une variété de licences, que Lessig prétend offrir aux auteurs, ne correspond en rien à la notion de liberté définie pour les logiciels libres. Ce que B. Mako Hill critique en outre, c’est la confusion que le logo unique de CC établit entre la multitude de licences CC et la seule version que l’on puisse qualifier de libre (la CC by+sa). Il déplore surtout le fait qu’avec son succès et ses moyens de communication importants, CC ait manqué l’opportunité de susciter un mouvement d’ampleur parmi les créateurs et les intellectuels en faveur de contenus libres.
Passage dans la salle d’à côté, thème audiovisuel organisé par Camille Harang, pour écouter la deuxième moitié de la présentation d’Olivier Auber à propos du projet @rbre ; des questions intéressantes se posent sur le contenu des bases de donnée en termes de droits (modulation de l’accès à des données privées), et sur les formes de créativité que l’on pourrait attendre des utilisateurs.
Dîner bruyant au palais des Ducs, avec le groupe de Framasoft qui m’a payé mon ticket repas (Merci Framasoft ! les réservations de tickets c’est pas mon fort). Revu Eric Cousin de l’ENST de Brest qui avait organisé en 2004 la dernière édition de Autour du Libre. Vu aussi pas mal de gens qui font des thèses sur les communautés du libre. Il y aura bientôt autant de socio-anthropologues que de développeurs dans ces grandes messes. Retrouvé plus tard les autres membres de libroscope dans un café, Thierry étant arrivé en fin de journée. Je les ai au complet dans mon viseur : Thierry Pinon, Antoine Pitrou, Raphaël Rousseau, Julien Tayon. Mais Antoine ne veut pas que l’on diffuse sa photo, ou alors, avec une tête de zèbre. Ces quatre là sont le poil à gratter du monde du libre, et ils en sont fiers. Ils sont agréables à fréquenter et intelligents par dessus le marché.
Le Jeudi 7 juillet
Une conférence sur les communautés de développeurs/utilisateurs autour de Claroline, et de Spip. Comparaison des initiatives, hiérarchies implicites ou explicites parmi les développeurs et modes de fonctionnement, naissance et petits drames des forks. Je réalise que si pour le développement logiciel, le "fork", qui se définit surtout par un changement d’identité du projet, est toujours vécu comme une petite crise (c’est une rupture dans l’évolution du projet et ses dérivations progressives et c’est souvent un changement d’équipe), par contre, dans le domaine des contenus non logiciels, une oeuvre dérivée ou conséquente change presque systématiquement d’identité (nouveau titre et nouvel auteur qui mentionne les auteurs précédents). C’est donc une opération assez banale qui n’a aucune raison d’être perçue comme un drame.
Un après midi d’art : je me suis donné quartier libre pour visiter le Consortium. Vu les peintures de brasseries de Kristen Everberg, les collages de Monique Van Genderen (ce sont surtout ses petits collages et les grands dessins-collages muraux qui sont réussis), puis Angela Bulloch à l’Usine (égale à elle même). Rien de mauvais, et rien de bien renversant non plus. Encore que les dessins muraux de Van Genderen étaient une assez belle surprise, j’espère qu’elle fera partie de la suite d’expositions prévues au Palais de Tokyo pour WA, surface d’autonomie temporaire. Un peu d’art dans ce monde de geeks ça fait du bien. Oui, mais s’il n’y avait que cet art là, je m’ennuierais assez vite de celui des geeks ou non geeks qui emploient leur talent à construire le monde libre.
Le soir, dîner avec les Libroscope dans un resto chic, plus un monsieur qui parlait affaires. Il travaille dans une société qui fait du conseil pour les grosses boîtes. Il leur apprend comment rédiger des appels d’offres en vue d’un équipement logiciel, de façon à ce que ce soient les LL qui remportent le marché. C’est tout un buziness, et à l’entendre, ça a l’air très excitant. J’ai peut-être raté les discours politiques de l’après midi à l’hôtel de ville, mais j’aurai eu un bon exemple des activités économiques qui se déploient autour du logiciel libre.
Le Vendredi 8 juillet
Le matin, conférence Framasoft avec Alexis Kaufmann, son bob effrangé et Laurent Sakka, juriste. Voilà encore des gens bien - forcément, ils m’ont invitée à dîner ;-) - qui aident les usagers à effectuer un passage progressif vers les logiciels libres. Leur approche se veut modeste mais elle est efficace parce que pragmatique et très pédagogique.
Après-midi féministe : on a vu défiler Bernhard Krieger avec ses tableaux statistiques qui sous quelque angle qu’on les prenne, montrent la rareté des femmes dans l’univers des développeurs ; puis Hannah M. Wallach, superbe Debian Women, enthousiaste et éloquente qui se demande ce que vaut le principe de non discrimination radicale si les femmes sont exclues du développement des logiciels libres. Elle décrit le parcours difficile qui mène un simple contributeur jusqu’au saint des saints des Développeurs Debian officiels, et veut encourager les femmes à s’y impliquer. Enfin, Perline a parlé de son expérience de situations d’apprentissage pour les femmes, et en particulier d’un atelier Spip mené en 2004 à Porto Alegre avec des femmes brésiliennes (Les pénélopes, Formation automasites/Spip). Cette fois encore, la salle était bondée, avec un peu plus de femmes que d’habitude. Les discussions étaient très animées et sous-tendues par la certitude que programmer du logiciel est une activité enviable.
A 18h j’étais au volant pour rouler jusqu’à Karlsruhe, mais la chose publique qui s’expose au ZKM est bien différente des choses qui se jouaient aux RMLL. Même si dans le fond, les préoccupations y sont communes, elles ne s’expriment pas dans les mêmes termes ; c’est donc une autre histoire que je raconterai un jour, si vous êtes sages.
ON EST SAGE !!! Alors on peut l’avoir le commentaire du ZKM, please Isa ?
Pour le coup, c’est moi qui ne suis pas sage ; encore une poussée aiguë de cette maladie chronique de la dispersion qui se traduit par le symptôme "Pas le Temps !".
Peut-être au retour des vacances (là, je prépare le départ dare dare !), mais je n’ose rien promettre parce que la rentrée version LMD s’annonce chargée cette année.
Pour le cas où je ne réussirais pas à faire mieux, voilà un rapport très concis :
l’atmosphère de démocratie est un environnement parasité de bruit et de buzz. Un éclairage erratique en clair-obscur avec des variations qui paraissent capricieuses et arbitraires + une amplification des sons ambiants manipulés dans un studio invisible et reservis en feed back avec des glouglous de siphon qu’on débouche. Le tout, dans un décor de matériaux translucides qui obsède le spectateur d’un désir de transparence. L’effet produit est intéressant : on voit qu’on ne voit pas tout, on entend qu’on n’y comprend pas grand chose, c’est un peu frustrant, mais cela donne déjà pas mal à réfléchir.
L’espace est confiné et labyrinthique, les cloisons amovibles translucides s’entrechoquent selon les angles les plus variés. On y croise toutes sortes de choses : du texte, des documents et des oeuvres, dont beaucoup de "web based projects" qui posent encore une fois la question de l’intégration de ce genre d’oeuvres dans le contexte légitimant et convenu de l’exposition.
Au milieu de l’exposition, il y a une oeuvre magnifique du groupe Xperiment ! (titre : centre de recherche pour le partage de l’incompétence : "Qu’est-ce qu’un corps/personne ? topologie du possible"). C’est une fresque à la fois légère et monumentale réalisée sur un rideau de plastique nacré et translucide de 320m2 qui suit des circonvolutions intestines. Cette oeuvre vaut à elle seule le détour.
Le "Research Center for Shared Incompetence" serait un projet autrichien. Pour le moment, sauf de courtes mentions associées à l’expo du ZKM je ne trouve rien sur "Xperiment !". Si quelqu’un a des infos, j’aimerais bien en savoir plus. La fresque est présentée comme étant le résultat d’un an et demi de travail d’observation dans un centre de soins et de réhabilitation pour personnes sévèrement dépendantes se trouvant dans un état végétatif.
J’attends aussi l’autaurisation du ZKM pour pouvoir publier quelques photos.
Tellement dare dare, que je laisse traîner des fautes : lire "autorisation" (et non autaurisation)
(x_x)
Plates excuses.
Trop vite pour moi, chère Isabelle ! Le temps "réactif" de tes articles peut-il s’accommoder du temps poussif des miens ? Je viens de retrouver un compte-rendu d’exposition (Christian Marclay au Festival d’Automne) commencé pour Transactiv le 30 octobre dernier - et c’était déjà le dernier jour de l’expo !
bonnes vacances...
Chère Karen,
Il suffirait que tu publies cet article sur Christian Marclay pour faire l’événement ;-)
Tu sais bien que les articles de Transactiv.exe accusent toujours un différé plus ou moins important par rapport aux circonstances qui y sont relatées. Il est impossible de prévoir combien de temps une expérience doit décanter avant de trouver un début de sens. Ni comment et quand, une fois formé, un récit donnera lieu à des développements ou rebondissements, même si à ce stade, on devine dans quelle direction cela peut nous mener. Cela dépend de trop de paramètres. Il y a le temps de maturation, le temps de vie de chacun, et puis la façon dont des incidents extérieurs peuvent ralentir ou au contraire accélérer les choses.
Transactiv.exe est inactuel (certains diraient intempestif, mais je n’aurai même pas cette prétention). Est-ce vraiment un problème ?
Pour être juste, on ne peut pas être à la merci de la temporalité qui se donne pour objective (celle que nous fabriquent les médias et les programmations culturelles).
Voilà que vivre avec son temps revient à en être privé !
Ce n’est sûrement pas en lui courant après qu’on s’inscrit dans le temps.
Alors prend ton temps. Ici, le temps est élastique. Fais le claquer, fais le vriller ou étires le à ta guise. Tu peux toujours "réagir" à chaud dans l’espace de brouillonnage de ce forum en attendant que quelque chose mûrisse, ou pas [1].
Pour ce qui est de ma réactivité tu n’as qu’à voir le délai pour te répondre...Oui, moi aussi j’ai dans mes dossiers une pouponnière d’articles qui vire au cimetière.
L’embryon de compte-rendu de l’expo du ZKM va certainement rejoindre la partie cimetière, car en réponse à ma demande, le ZKM me suggère très aimablement d’utiliser les photos qu’eux-même mettent à la disposition de la presse (ils poussent l’amabilité jusqu’à me donner un mot de passe pour télécharger les images en haute résolution, c’est très gentil !). Mais aussi belles soient-elles, je n’y trouve pas ce que je veux. En particulier, il n’y a pas une seule photo de l’oeuvre de Xperiment, ni nombre de détails qui étaient importants à mes yeux. Donc, si je ne peux pas utiliser mes propres photos (moins "propres" que les leurs, c’est certain !), cela va devenir terriblement laborieux de décrire les choses.
Bon, il paraît qu’il y aura un catalogue après l’expo. Peut-être est-il déjà sorti. Mais il y a peu de chances pour que les images soient d’une autre trempe que celles, très contrôlées, du dossier de presse. Par contrôlées, je veux dire que ces images montrent rarement des oeuvres en situation. Soit on voit le dispositif d’ensemble de l’expo (l’oeuvre curatoriale en quelque sorte), soit des images des oeuvres cadrées individuellement. Par exemple, pour les oeuvres en ligne, on a une belle capture d’écran, ce qui ne rend pas du tout compte de la manière dont elles sont mises en scène et appréhendées dans l’expo.
Avec la vogue des installations immersives, il y a eu à partir des années 90, une évolution dans la façon de photographier les expositions. On s’est mis de plus en plus à montrer des photos où les spectateurs apparaissent (genre qui était surtout réservé aux photos de performance d’habitude). Dès le début des années 80, certains artistes tels que (feu) le groupe IFP ont réalisé des oeuvres qui mettent spécifiquement en valeur la place du spectateur comme "figurant", un élément du décor en quelque sorte. Il reste maintenant à accepter des images qui restituent, autant que faire se peut, les points de vue multiples et mouvants des spectateurs. Ce seront forcément des images un peu "sales", j’en conviens, et cela s’accomode mal du respect juridique à l’"intégrité" des oeuvres.
Donc, pour le ZKM, j’en reste là et je retourne à ma pouponnière. Il y a plein de bébés qui réclament à manger.
[1] Je rappelle que le forum info est ouvert à tout le monde et qu’il n’est même pas nécessaire de s’y inscrire. Pour introduire un nouveau sujet, c’est le bouton en haut à gauche "proposer un commentaire"