Chère Isabelle,
J’ai lu ton article hier jeudi22 et les commentaires, et ce matin je lis dans "métro"
Une vache sur le toit de l’immeuble
En installant une vache entourée d’un grillage et de foin sur le toit d’un immeuble du centre de Santiago, le collectif Solo cherche à interroger les "limites de la création". L’animal est censé rester là une semaine avant d’être menée à l’abattoir. L’un des artistes explique que le fait de soustraire la vache à son milieu naturel offre de multiples interprétationsq. "Une vache est un symbôle de tranquillité et nous la plongeons dans un contexte réputé pour son stress, sa folie et son esprit de compétitivité."La vie du bovin est filmée, ainsi que les réactions des gens qui travaillent dans le quartier... ; ;
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Bonjour Bibi !
Décidément, le forum du pont de Nogent semble voué à devenir un lieu de retrouvailles avec des amis que je n’ai pas vus depuis un petit bout de temps :))
Ah ! une vache sur le toit d’un immeuble dis-tu ?
Elle doit avoir une belle vue de là haut, et ça doit être assez décoratif.
Très sérieusement, aux Pays Bas, on met des moutons dans les bandes d’espace vert entre deux voies d’autoroute pour tondre le gazon à moindre frais, et l’année dernière, à la radio, j’avais entendu parler d’un projet municipal (je crois que c’était à Lyon) qui envisageait d’installer des ovins dans les espaces verts urbains pour le même usage.
Etant donnée la visée utilitaire de l’opération, personne ne semble se soucier du stress des animaux.
Sauf à tenir son rendement en litres de lait par jour comme mesure de stress, pourra-t-on jamais savoir ce qu’éprouve la vache là haut perchée ?
Il faut que la présence de l’animal paraisse assez incongrue (ou surréaliste) pour que l’on s’interroge. Et même dans ce cas, le sens de nos interrogations serait sans doute beaucoup plus égocentrique qu’on ne veut bien le croire.
Ce qui est ahurissant, c’est que l’on ait besoin de placer une vache en pleine ville pour être capables de nous apitoyer sur notre propre sort.
Lire l’article du Dr Charles Danten, La zoothérapie, Une relation malsaine pour les humains, est assez instructif à cet égard :
« La question à se poser n’est pas : Pourquoi les animaux nous font-ils du bien ? Mais plutôt : Pourquoi en avons-nous tant besoin ? Pourquoi 63 % des maîtres sont incapables de dire « je t’aime » à un être humain qui leur est cher ? Et pourquoi se réjouir de cette statistique ? Pourquoi préférons-nous la compagnie des bêtes à celle de nos semblables ? Pourquoi cette solitude et cette insuffisance de liens affectifs, cette désintégration du tissu social ? Pourquoi abandonner nos parents dans des hospices en leur donnant un vulgaire chihuahua pour toute consolation ? Pourquoi cette détresse psychologique, ce vide intérieur, cette consommation frénétique ? Pourquoi sommes-nous incapables de faire face à nos problèmes ? Que signifient cet anthropomorphisme, cet anthropocentrisme, cette cécité et cette hypocrisie généralisées ? Et à qui faisons-nous réellement plaisir en fêtant l’anniversaire de nos animaux, en les emmenant au restaurant ou en voyage, en leur désignant un tuteur en cas de décès, en leur prodiguant toutes sortes de soins ? Bien sûr, toutes ces simagrées nous confortent dans notre certitude de les aimer. Mais n’est-ce pas de l’anthropomorphisme de la pire espèce ? Et enfin, à qui profite ce malaise social sans précédent ? Pourquoi nos scientifiques et nos professionnels sont-ils devenus si malhonnêtes ? »
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« En fait, nous avons projeté sur les animaux tous nos comportements les plus inavouables. La vie des animaux de compagnie est une métaphore de la nôtre et dans ce miroir nous pouvons nous voir tel que nous sommes sous un vernis de respectabilité plus ou moins épais. L’idéologie que je viens de décrire est celle des hommes, nous l’avons tout simplement transféré inconsciemment aux animaux, et à tout ce qui vient à notre contact, sans discernement. »
Essayer de comprendre un autre humain est déjà une chose que nous ne savons pas très bien faire, se placer dans l’orbite d’un fou encore moins, alors pour ce qui est de la vache, je crois que nous avons de quoi ruminer encore longtemps.