Je suis doctorant en informatique et comme je m’intéresse beaucoup à ces questions j’ai suivi le module "Propriété Intellectuelle" de mon école doctorale. Il y avait des intervenants de l’INPI, de la CCI locale et du pôle juridique de mon université. Or j’ai été extrêmement choqué par les aspirations très matérialistes de tous ces gens et leur vision plus qu’à ras des pâquerettes du rôle de la recherche dans la société. En un mot ils rêvent que chaque chercheur "privatise" son domaine de compétence et "capitalise" ses connaissances pour s’adonner aux joies du capital. Toute dimension altruiste était ignorée et toute dimension spirituelle reniée !
Peut-être que ces ressorts sont individuellement excusables, qu’ils ne sont que le reflet d’inquiétudes bien présentes et de fatalités plus ou moins réelles ("La concurrence mondiale nous oblige à innover !", "L’université ne pourra pas financer tous les laboratoires l’an prochain...", "Le MIT l’a fait alors nous aussi nous devons le faire !", "La région doit créer tant d’emplois dans les NTIC l’an prochain.", etc...) mais tout cela me semble complètement malsain et le signe d’un repli identitaire économique dépassé.
Or Internet, le "libre", Wikipedia et la vision "politique" qui s’en dégage me semble bel et le véritable moyen d’apporter une solution à cette crise de la prédation globale. Cela dérange car cela nous interpelle tous. Pourtant quand je demandais ce qu’inspirait le modèle du "libre" à l’intervenant de l’INPI (j’essayais d’ouvrir le débat) j’ai déchanté. La personne que j’avais en face n’essayait même pas de voir les limites de ce "tout brevetable", salut d’entre les saluts de ce "tout économique"...
C’est la preuve d’une grande ignorance quant aux motivations des hommes et des femmes qui ont fait émerger les sciences et je ne parle même pas des enjeux démocratiques, environnementaux de notre époque. Pourtant il y a plus à gagner d’une humanité altruiste qui oeuvre librement pour le plus grand bien de tous que d’une humanité esclave de ses besoins qui court après un argent rare rendu inégal. La voie qu’a ouvert le "libre" apporte bel et bien un début de réponse et le XXIème siècle ne saurait se priver de ce paradigme s’il aspire à plus de raison. En comparaison la lutte contre la contrefaçon semble bien pâle pour répondre à l’enjeu d’une société mondiale plus juste.
Bonjour,
Je voulais simplement exprimer ma complète adhésion sur votre excellente analyse. Je crois que nous devons faire en sorte, chacun à sa manière que le "libre" (entre autre) puisse continuer d’exister, de progresser et de s’améliorer. C’est pour moi une évidence.
Très cordialement