Bonjour Alberto,
Cette lettre - comment te remercier ? - est une quintessence actualisée, incorporée, de Seurat.
Et ton "Oui Soleil" qui accorde les deux hémisphères dans un fourmillement d’énergie, on ne se lasse pas de le déplier comme un jeu de fort-da jubilatoire en s’écriant à chaque fois : Oui !!!
Voici le passage de Chahut de Jean-Claude Lebensztejn dont je t’avais parlé :
« Chacun, lorsque Seurat mourut en 1891, et par la suite encore, s’est demandé comment il aurait évolué, s’il avait vécu au lieu de mourir.
Il a évolué : comme chacun de nous. Le 29 mars 1891, Seurat promène ses secrets dans les champs azurés. Il parsème de points le ciel ; s’en va retrouver la terre, le divisionnisme dans le corps. "Vivant, j’agis et je réagis en masse... mort, j’agis et je réagis en molécules..." » (p. 13)
Et cet autre passage en dessert :
« Cette vision, qui fait de l’homme un paquet d’influx nerveux réagissant comme une machine sous la pression de la vapeur ou sous l’effet d’un courant électrique, se propose froidement, sans jugement, avec une apparence d’objectivité chargée d’un potentiel d’ironie qui explose dans les machines érotiques qui jalonnent l’époque, du Surmâle de Jarry au Grand Verre de Duchamp. » (pp. 132-133)
Jean-Claude Lebensztejn, Chahut, Hazan, Paris, 1989.