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Le Générateur Poïétique en forme et en prose !

Pixel par pixel, et joueur par joueur
Publié le vendredi 11 juin 2004 à 23:53:52 par Plusieurs auteurs

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GP, début de session

S’il fallait le décrire en quelques mots, on pourrait dire que le Générateur Poïétique est une sorte de chat graphique. Mais c’est beaucoup plus intéressant qu’un chat. Et puis ce qui s’affiche gomme l’attribution aux auteurs et ne ressemble plus du tout à un chat, le résultat s’apparente plutôt au cadavre exquis des surréalistes. Finalement, ces comparaisons sont très grossières.

Pour savoir ce que c’est, il faut essayer. Contactez quelques amis, et donnez vous un rendez-vous virtuel sur le GP pour y jouer ; cela vaudra bien mieux que de longues explications.

C’est ce que nous avons fait sur Transactiv.exe : trois rendez-vous successifs en ligne, les 7, 8 et 9 avril de 23 h à 24 h, et parfois plus quand nous n’arrivions plus à nous arrêter. Trois parties pour que ceux qui découvraient le jeu aient le temps de se familiariser avec lui, mais aussi pour voir si au sein d’une petite équipe une évolution des comportements pouvait être observée. Difficile de tirer des conclusions sur ce dernier point, car seuls trois joueurs ont été de la partie sur les trois soirées successives. Les autres n’ont été présents que un ou deux soirs sur trois, si bien qu’à chaque séance il y avait au moins une personne qui jouait pour la première fois. Olivier Auber qui est l’auteur de ce jeu, s’est parfois joint à nous.

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GP, première partie

Nos sessions ont été archivées par Olivier, et vous pouvez les consulter en accéléré sur le site du Générateur Poïétique. Cliquez sur l’image et lancez le générateur poïétique. Cliquez sur le bouton « visionner », cherchez le fichier « transactiv.exe », double cliquez sur le nom de ce fichier puis cliquez sur « OK ». Lancez alors la « lecture ».

Olivier Auber a déjà publié un essai théorique très intéressant sur le Générateur Poïétique. Depuis 1987, époque à laquelle Olivier a commencé à développer le GP, de nombreux articles critiques sont parus, et le dernier en date, celui du 21/11/03 par Annick Rivoire dans Le journal Libération, cerne avec pertinence les enjeux du GP.

Ici, nous avons voulu exposer les points de vues des joueurs eux-mêmes. Il n’y a pas eu de consigne particulière pour cette session, et nous n’avons pas utilisé la boîte de dialogue car nous étions trop occupés avec nos pixels. La seule consigne était de jouer puis de rédiger si possible, un petit compte-rendu personnel de la session. Les participants étaient des artistes, des enseignants ou des étudiants en art. Tous très occupés, ils ont néanmoins dégagé un peu de temps pour jouer au Générateur Poïétique et certains nous ont même offert un récit de leur expérience. Nous les en remercions vivement, et publions leurs textes dans l’ordre de livraison.


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GP, seconde partie 1

Antoine Moreau

Je suis venu sur le Generateur Poïétique le Jeudi 8. Ce n’était pas la première fois. A chaque fois je m’attend à faire l’expérience d’un commun partagé. Cela arrive partiellement comme ce jeudi 8. Qu’est-ce qui arrive ? La forme.

Dans le lieu de l’action, des parcelles, chacun a son carré d’action. Le lieu prend corps lorsque les terrains de chacun disparaissent pour rendre visible ce que le lieu est : une absence de territoire. Tout lieu est la disparition du territoire et lorsqu’une action a véritablement lieu elle détruit toutes formes de territoires. C’est visible très rarement dans la création de l’art et dans la guerre.

Cela n’est pas arrivé totalement Jeudi 8. Partiellement, oui, 2 ou 3 terrains de jeu se sont dissous pour former une aire commune non délimitée par le carré alloué au départ. C’est là que la forme naît : avec la disparition des traits d’auteurs, des traits qui forment l’enclos où l’auteur a profil. La fonction véritablement de l’auteur naît alors : laisser passer la forme qui va le surprendre, surprendre tout le monde, une forme qui va le faire et faire le monde présent. Cette forme est imprévue, guère prévisible, elle dessine l’action. Celle-ci n’est pas la démonstration d’une particulière qualité, d’une singulière intelligence, mais l’apparition même d’elle-même. Une grande santé partagée en un grand banquet dévoilé. Et c’est véritablement joyeux.

Jeudi 8, comme à l’accoutumé, cela fut partiel. Je suppose que l’objet du Générateur Poïétique est de révéler cette forme, de voir ça prendre corps. Chaque session est l’attente de cette apparition. Cela fascine de voir la forme à l’oeuvre, advenir plus ou moins.


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GP, seconde partie 2

Robert Cottet

J’ai eu le plaisir de participer à ces 3 séances d’activité du Générateur Poïétique d’Olivier Auber. Une expérience précédente m’avait déjà familiarisé avec le GP. L’article d’Olivier Auber signalé par Isabelle Vodjdani, lu avec attention, a complété la perception directe de l’exercice.

La « perspective numérique » décrite par Olivier Auber déploie un champ de réflexion particulièrement vaste.

La perspective numérique, avatar de la perspective de Brunelleschi et de Pierro della Francesca... Un point de fuite, un centre de gravité autour duquel le monde est décrit, explose et acquiert l’ubiquité. Le monde, l’espace, le territoire illimité qui s’articulait autour du point de fuite, remplacé par un territoire unique, délimité, damier uniforme de petites plages individuelles.

Le processus bascule bien au-delà d’un simple changement de paradigme. On s’aventure sans doute dans quelque chose qui semble être de l’ordre du renversement métaphysique !

Le basculement de sens qui passe du point de fuite unique, central, localisé, à son déploiement total, ubiquiste, illimité défie la réflexion.

L’élément le plus accessible de cette problématique spatiale et philosophique est peut-être le « territoire ». Le point de fuite numérique, défini dans son code logiciel, induit un « territoire ». Plus précisément, il comporte la potentialité d’un territoire. Celui-ci n’existe que dans la mesure où interviennent des participants, en petit groupe ou en « foule numérique » (La présence de ce territoire, produit de deux “géniteurs”, effet de deux “causes”, peut renvoyer à une brève réflexion que j’ai déjà posée ailleurs sur la toile)

Les manifestations de ce « territoire » les 7, 8 et 9 avril dernier m’ont proposé quelques réflexions, sans doute assez banales, mais totalement incontournables. Premier arrivant ou partenaire tardif, chaque participant agit sur un espace limité. Chacun est en quelque sorte prisonnier du damier qu’il développe en se connectant. Il peut jouer dans son espace restreint, égal à celui de chaque participant. Mais il peut aussi s’opérer une forme d’association, de fusion entre les zones délimitées du damier.

Cette fusion consiste en quelque sorte en une perte de singularité. Mon voisin, ma voisine a posé un pixel, une ligne, un motif, le long de ma frontière. La couleur, le motif qui habitait mon territoire a passé la frontière. Un peu de ma création/créature se déploie ailleurs, au-delà de moi. Je me déploie grâce à l’intervention d’un autre. Le jeu de mon voisin, amplifie ma présence. Il la transforme aussi. Ce que j’ai inscrit sur le damier évolue par les apports du voisinage. Il y a expansion et mutation de moi au-delà de moi.

La frontière est aussi perméable dans l’autre sens. Je peux aussi entraîner ma voisine sur mon territoire. Déployer ce qu’elle pose en limite de mon jardin en élargissant le sien. Mais, simultanément, en effaçant, en altérant mon espace au profit du sien, je me régénère. En accueillant en moi ce qui déborde de l’autre je me métamorphose, je m’épanouis... Les voisinages féconds génèrent de la mutation.

Paradoxe et philosophie de bazar ou réflexion transcendante ?

Je n’en sais rien. Mais que c’est jouissif, en tout cas ! D’une jouissance qui inviterait à lire l’exercice sur un autre registre ! Le jeu est aussi tactile, et les pixels que l’on pose en lisière de son carré, on les pose du bout des doigts, en effleurant un partenaire. Le générateur numérique flirte avec l’érotisme...

Effleurement, caresse, tâtonnement, effusion... Le territoire ne serait-il pas plutôt un organisme. Une enveloppe, une peau collective, une grappe de cellules fixées, mais perméables ? Existe-il un niveau de fusion absolue entre les partenaires du point de fuite numérique qui engendrerait une création « vivante », un organisme cohérent, un « moi », une projection du point de fuite dans une réalité singulière, en analogie à la paire point de fuite/observateur de la Renaissance ?

Le générateur poïétique, code logiciel, point de fuite numérique, déployé en volupté collective, géniteur virtuel...


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GP, troisième partie 1

Aurélien Michel

J’ai connu la console de jeu Atari à une époque où elle se trouvait déjà dépassée par la console Nintendo.

L’interface graphique du Poïetic Generator me fait beaucoup penser à cela (souvenez-vous de pac-man !) et je me demande pourquoi le nombre de pixels est si limité. Serait-ce techniquement possible que le G-poïetiqueur puisse disposer des possibilités graphiques qu’offre le logiciel Paint par exemple ?

Cependant, cette surface d’expression très limitée nous conduit involontairement à remplir de formes et de couleurs notre petit bout d’écran et cela se fait naturellement. Pour combler cette frustration dans le manque d’espace, la seule solution reste de travailler avec la communauté.

Alors on prouve à son voisin que l’on sait dessiner un bonhomme mieux que lui, on lui montre comment dessiner de beaux yeux, on ne répond pas au Mondrian qui se dessine dans le carré inférieur parce que c’est trop facile de faire du Mondrian ici, on répond à une ligne, d’une autre couleur, on détourne, on contourne, le voisin efface et ça repart.

Deux fonctions du GP :
Tout d’abord, je n’ai pas essayé la fonction messagerie du generateur poietic, je n’en ai pas eu l’envie. Alors je m’interroge sur cette fonction.

D’autre part, lorsqu’on visionne la totalité d’une séance après y avoir participé, l’approche en est totalement différente. Cela ressemble à une animation, improvisation pleine de vie, et là je retiens que toute la beauté qui en ressort est la différence. Si nous nous accordions tous sur le fait de dessiner un réseau quelconque ce ne serait pas si beau que de voir quelqu’un qui s’applique à faire son damier toute la soirée pendant que les autres trouvaient plus pertinent de dessiner lignes, fleurs et petit bateau.


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GP, troisième partie 2

Karen O’Rourke

En regardant nos séances s’animer pixel par pixel dans la fenêtre du Générateur Poïétique, je remarque d’abord l’arrivée des joueurs : un, deux puis zoom arrière pour couvrir (ou découvrir) quatre zones jouables, viennent ensuite un troisième et un quatrième, un cinquième joueur et c’est un nouveau zoom, la trame s’affine, devient une grille, un échiquier que l’un des participants reproduit comme en abyme au sein de son carré.

Comment manifester sa présence ? J’ai essayé la messagerie. Pas de réponse. Tout se passe donc dans le champ de l’image. Chaque session commence par des « hello ! » ou des « hi ! » dessinés pixel par pixel, et s’achève lorsque les joueurs tracent des « bye », des « ciao », des « à + » ou « dodo ». Entre les deux un « coucou » sur deux lignes. « Aye », répond quelqu’un. On reste surtout dans le phatique. Je suis là, tu me vois, toi aussi ? Des tags : « .EXE », « bob ! », « BOUN ! », « Poet Pouet ». C’est toi, « Isa ? ». Des commentaires : « chao », « moche », « oho » (qui devient « ohio ! »). Chacun dans son pré carré bâtit des formes simples, prégnantes : des flèches, des coeurs, des cibles mais surtout des visages, c’est la forme qu’un nouveau-né reconnaît en premier. Un contour de pixels jaunes ou une masse rose suffisent, puis un peu de marron ou de rouge : des cheveux ; quelques points : des yeux, le nez, la bouche, certains ont même des joues roses. Par moments, c’est un bateau, un soleil, une auto, un robot, un oeil qui se développe en gros plan, un Mondrian (on est entre artistes)... Les locataires des cases mitoyennes se font des clins d’oeil - un smiley, un point d’exclamation - par moments une connivence s’amorce : une tête de garçon attire une tête de fille à ses côtés, un fond vert se métamorphose en masque, un visage reçoit un cou puis un col de chemise rayé, un phylactère pousse au-dessus d’une voiture : « !!! », dédales, damiers, rayures ou plages de couleurs unies s’étendent au delà des frontières. Le Mondrian occupe trois joueurs pendant un moment. Mais le jeu continue et ces formes, ces collaborations se défont peu après, pour laisser place à d’autres, là ou ailleurs.

Le premier soir, j’étais malade, trop patraque pour veiller (le rendez-vous était à 23h), le troisième, je préparais hâtivement des valises pour un départ tôt le lendemain. Jeudi soir, il m’a fallu quelques minutes pour me remémorer les règles du jeu (j’avais déjà essayé le dispositif en ligne quelques mois plus tôt ; je connaissais le principe du Générateur depuis l’exposition « Machines à Communiquer » à la Villette en 1992). Quand je suis enfin arrivée sur la scène il y avait déjà six joueurs, un visage, une torse, une cible, si mes souvenirs sont bons. J’ai remarqué les rayures et me suis appliquée à dessiner des bandes parallèles à la Buren, faute d’autre projet. Sur le moment je ne voyais pas l’ensemble, trop concentrée sur ma partie de l’improvisation. L’observation participante est pour moi une posture difficile à tenir, comme frotter le ventre et taper la tête en même temps : ou j’observe ou je participe. Bref, j’ai participé. Pas d’idées, juste des gribouillages à la souris, degré zéro du dessin. Comme une fourmi j’ai été surtout sensible aux actions de mes voisins immédiats. C’est en visionnant l’ensemble (qui défile au pas de course) que je vois un peu plus clair. Je verrais encore mieux, j’imagine, si je les comparais avec d’autres séances, d’autres groupes, mais le temps presse, il faut rendre ma copie, Isabelle attend. Ce sera pour une autre fois.


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GP, troisième partie 3

Olivia Jaume

Lors de ma participation à l’une des trois soirées pixellisantes, j’ai dû passer l’un des meilleurs moments que j’ai pu avoir sur le net. Les minutes défilaient sans que je m’en rende compte, hypnotisée par cette compréhension muette entre différentes personnes qui n’avaient qu’un seul objectif : créer des formes ou pas, mettre des couleurs, donner un sens ou pas. Enervement lorsque le voisin de carré ne me suivait pas dans mon idée ou amusement lors de l’apparition de la forme à base de trois collaborations. On aimerait, dans ces moments là, que le temps s’arrête, que les gens restent un peu plus longtemps, qu’il y ait plus de choix de couleurs, de formes d’outils. Mais cela fait aussi partie du charme de cet exercice (?), performance (?) ou plutôt rencontre interactive autour du je(u) artistique.

Lorsque je me suis couchée les yeux pleins de pixels, j’ai encore tourné longtemps dans ma tête toutes les possibilités que je n’avais pas eu le temps de réaliser. Vivement la prochaine fois qui me replongera dans ce souvenir des premiers jeux sur ordinateurs ou consoles.


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GP, troisième partie 4

Isabelle Vodjdani

Une seule ligne téléphonique pour une famille de 5 personnes, c’est comme la salle de bains unique : très vite c’est l’embouteillage. Jusqu’à l’arrivée du câble dans ma petite banlieue perdue, il n’était pas question de jouer en ligne, ni même de flâner sur le web. Je me limitais aux incursions utilitaires, et les messages d’artistes qui disent « viens voir mon site comme il est beau », passaient à la corbeille avec les spams. Mais depuis presque deux ans, nous avons le haut débit, et parmi nombre de bidouillages numériques plus ou moins réjouissants, j’ai découvert deux choses terriblement excitantes : les Wikis, et le Générateur Poïétique. Yves m’avait parlé du GP il y a quelques années, quand il en avait eu des échos par ses collègues de l’ENST qui aidaient Olivier Auber à développer ce projet, mais tant que je n’avais pas essayé, ce n’était à mes yeux qu’un gadget de plus dans le paysage.

Mon premier essai remonte à novembre dernier. J’avais posté mes réactions sur le forum info de Transactiv.exe. Au fil des essais faits sur ces deux séances du mois de novembre, mon point de vue avait évolué pour arriver à la conclusion que l’envie de mettre nos fragments de dessins bout à bout pour former quelque chose de plus ample, un ensemble plus cohérent, - mais en même temps un peu fou parce que cela dépasse notre contrôle -, cette envie n’apparaît que parce qu’on ressent l’étroitesse individuelle. C’est cette solitude assumée qui permet de s’engager dans le jeu intersubjectif.

J’avais également observé les comportements des joueurs ; ceux qui jouent dans leur coin, ceux qui font des gentils clins d’oeil à l’assemblée par figure ou smiley interposé en restant malgré tout dans leur coin, et ceux qui savent s’arrimer au dessin des cases voisines pour engager un véritable processus de création collective. Le Générateur Poïétique me fascine pour la visibilité extrêmement claire qu’il donne de ces processus. On a tout sous les yeux, pas besoin de faire un dessin.

La session du mois d’avril m’a permis de me frotter à un nouveau défi. Une fois repue des liens de connivence établis avec les cases mitoyennes, je me suis dit c’est bien gentil, mais comment faire pour sortir du rapport entre voisins de palier et engager un mouvement dans lequel tous les joueurs seront impliqués ? Quand mon voisin ne réagit qu’à ce que je fais, je voudrais qu’il soit également attentif à l’autre qui est un peu plus loin, alors j’observais la case qui était la plus éloignée de la mienne et j’essayais d’insérer des échos graphiques de son dessin dans ma case. Un ou deux autres joueurs avaient aussi compris le truc, et de timides mouvements s’amorçaient parfois, qui laissaient espérer que chacun pourrait oeuvrer en ayant conscience de la totalité des participants. C’était difficile, sachant qu’il est quasiment impossible d’avoir l’oeil partout et qu’on a aussi envie de s’amuser en faisant des blagues. Mais la bonne surprise, c’est que lorsqu’ayant négligé Pierre pour répondre à Paul, je m’apercevais que Jacques lui, n’avait pas manqué de me répondre, et ma foi, Pierre suivait aussi le mouvement. Que c’est bon de voir les choses se faire sans avoir à tout gérer ! Abandonner la maîtrise pour se mettre à l’écoute devient possible lorsqu’on se sent également écouté.

Le jeu oblige au respect ; impossible de marcher sur les plates-bandes du voisin. La seule solution pour interagir, pour sortir de sa solitude, c’est de devenir perméable, se laisser gagner par l’autre. Le bénéfice est inestimable, car parfois, pour prolonger le dessin encore énigmatique qui s’esquisse à côté on se surprend à créer des figures que l’on ne se savait pas capable d’imaginer. A la troisième séance, nous avions un peu progressé ; j’étais une machine, j’ai avalé une queue de serpent, je suis devenue ventre de dragon, poisson glouton, sirène prisonnière, petit cochon qui fuit le loup en lâchant des crottes (même chez le voisin !) et petite fille qui pleure sous le regard réprobateur de sa maman ; ses cheveux rampaient chez l’un, poussaient chez l’autre et ne lui appartenaient plus. Que d’aventures ! C’est surtout cela qui rend le Générateur Poïétique si passionnant.

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GP, troisième partie 5

Générique :

Olivier Auber : Km2.net
Antoine Moreau : antomoro.free.fr
Robert Cottet : crob.ch
Karen O’Rourke : Une carte plus grande que le territoire
Olivia Jaume et Aurélien Michel sont étudiants en maîtrise d’arts plastiques à Paris 1.


 
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