S’il fallait le décrire en quelques mots, on pourrait dire que le Générateur Poïétique est une sorte de chat graphique. Mais c’est beaucoup plus intéressant qu’un chat. Et puis ce qui s’affiche gomme l’attribution aux auteurs et ne ressemble plus du tout à un chat, le résultat s’apparente plutôt au cadavre exquis des surréalistes. Finalement, ces comparaisons sont très grossières.
Pour savoir ce que c’est, il faut essayer. Contactez quelques amis, et donnez vous un rendez-vous virtuel sur le GP pour y jouer ; cela vaudra bien mieux que de longues explications.
C’est ce que nous avons fait sur Transactiv.exe : trois rendez-vous successifs en ligne, les 7, 8 et 9 avril de 23 h à 24 h, et parfois plus quand nous n’arrivions plus à nous arrêter. Trois parties pour que ceux qui découvraient le jeu aient le temps de se familiariser avec lui, mais aussi pour voir si au sein d’une petite équipe une évolution des comportements pouvait être observée. Difficile de tirer des conclusions sur ce dernier point, car seuls trois joueurs ont été de la partie sur les trois soirées successives. Les autres n’ont été présents que un ou deux soirs sur trois, si bien qu’à chaque séance il y avait au moins une personne qui jouait pour la première fois. Olivier Auber qui est l’auteur de ce jeu, s’est parfois joint à nous.
Nos sessions ont été archivées par Olivier, et vous pouvez les consulter en accéléré sur le site du Générateur Poïétique. Cliquez sur l’image et lancez le générateur poïétique. Cliquez sur le bouton « visionner », cherchez le fichier « transactiv.exe », double cliquez sur le nom de ce fichier puis cliquez sur « OK ». Lancez alors la « lecture ».
Olivier Auber a déjà publié un essai théorique très intéressant sur le Générateur Poïétique. Depuis 1987, époque à laquelle Olivier a commencé à développer le GP, de nombreux articles critiques sont parus, et le dernier en date, celui du 21/11/03 par Annick Rivoire dans Le journal Libération, cerne avec pertinence les enjeux du GP.
Ici, nous avons voulu exposer les points de vues des joueurs eux-mêmes. Il n’y a pas eu de consigne particulière pour cette session, et nous n’avons pas utilisé la boîte de dialogue car nous étions trop occupés avec nos pixels. La seule consigne était de jouer puis de rédiger si possible, un petit compte-rendu personnel de la session. Les participants étaient des artistes, des enseignants ou des étudiants en art. Tous très occupés, ils ont néanmoins dégagé un peu de temps pour jouer au Générateur Poïétique et certains nous ont même offert un récit de leur expérience. Nous les en remercions vivement, et publions leurs textes dans l’ordre de livraison.
Je suis venu sur le Generateur Poïétique le Jeudi 8. Ce n’était pas la première fois. A chaque fois je m’attend à faire l’expérience d’un commun partagé. Cela arrive partiellement comme ce jeudi 8. Qu’est-ce qui arrive ? La forme.
Dans le lieu de l’action, des parcelles, chacun a son carré d’action. Le lieu prend corps lorsque les terrains de chacun disparaissent pour rendre visible ce que le lieu est : une absence de territoire. Tout lieu est la disparition du territoire et lorsqu’une action a véritablement lieu elle détruit toutes formes de territoires. C’est visible très rarement dans la création de l’art et dans la guerre.
Cela n’est pas arrivé totalement Jeudi 8. Partiellement, oui, 2 ou 3 terrains de jeu se sont dissous pour former une aire commune non délimitée par le carré alloué au départ. C’est là que la forme naît : avec la disparition des traits d’auteurs, des traits qui forment l’enclos où l’auteur a profil. La fonction véritablement de l’auteur naît alors : laisser passer la forme qui va le surprendre, surprendre tout le monde, une forme qui va le faire et faire le monde présent. Cette forme est imprévue, guère prévisible, elle dessine l’action. Celle-ci n’est pas la démonstration d’une particulière qualité, d’une singulière intelligence, mais l’apparition même d’elle-même. Une grande santé partagée en un grand banquet dévoilé. Et c’est véritablement joyeux.
Jeudi 8, comme à l’accoutumé, cela fut partiel. Je suppose que l’objet du Générateur Poïétique est de révéler cette forme, de voir ça prendre corps. Chaque session est l’attente de cette apparition. Cela fascine de voir la forme à l’oeuvre, advenir plus ou moins.
J’ai eu le plaisir de participer à ces 3 séances d’activité du Générateur Poïétique d’Olivier Auber. Une expérience précédente m’avait déjà familiarisé avec le GP. L’article d’Olivier Auber signalé par Isabelle Vodjdani, lu avec attention, a complété la perception directe de l’exercice.
La « perspective numérique » décrite par Olivier Auber déploie un champ de réflexion particulièrement vaste.
La perspective numérique, avatar de la perspective de Brunelleschi et de Pierro della Francesca... Un point de fuite, un centre de gravité autour duquel le monde est décrit, explose et acquiert l’ubiquité. Le monde, l’espace, le territoire illimité qui s’articulait autour du point de fuite, remplacé par un territoire unique, délimité, damier uniforme de petites plages individuelles.
Le processus bascule bien au-delà d’un simple changement de paradigme. On s’aventure sans doute dans quelque chose qui semble être de l’ordre du renversement métaphysique !
Le basculement de sens qui passe du point de fuite unique, central, localisé, à son déploiement total, ubiquiste, illimité défie la réflexion.
L’élément le plus accessible de cette problématique spatiale et philosophique est peut-être le « territoire ». Le point de fuite numérique, défini dans son code logiciel, induit un « territoire ». Plus précisément, il comporte la potentialité d’un territoire. Celui-ci n’existe que dans la mesure où interviennent des participants, en petit groupe ou en « foule numérique » (La présence de ce territoire, produit de deux “géniteurs”, effet de deux “causes”, peut renvoyer à une brève réflexion que j’ai déjà posée ailleurs sur la toile)
Les manifestations de ce « territoire » les 7, 8 et 9 avril dernier m’ont proposé quelques réflexions, sans doute assez banales, mais totalement incontournables. Premier arrivant ou partenaire tardif, chaque participant agit sur un espace limité. Chacun est en quelque sorte prisonnier du damier qu’il développe en se connectant. Il peut jouer dans son espace restreint, égal à celui de chaque participant. Mais il peut aussi s’opérer une forme d’association, de fusion entre les zones délimitées du damier.
Cette fusion consiste en quelque sorte en une perte de singularité. Mon voisin, ma voisine a posé un pixel, une ligne, un motif, le long de ma frontière. La couleur, le motif qui habitait mon territoire a passé la frontière. Un peu de ma création/créature se déploie ailleurs, au-delà de moi. Je me déploie grâce à l’intervention d’un autre. Le jeu de mon voisin, amplifie ma présence. Il la transforme aussi. Ce que j’ai inscrit sur le damier évolue par les apports du voisinage. Il y a expansion et mutation de moi au-delà de moi.
La frontière est aussi perméable dans l’autre sens. Je peux aussi entraîner ma voisine sur mon territoire. Déployer ce qu’elle pose en limite de mon jardin en élargissant le sien. Mais, simultanément, en effaçant, en altérant mon espace au profit du sien, je me régénère. En accueillant en moi ce qui déborde de l’autre je me métamorphose, je m’épanouis... Les voisinages féconds génèrent de la mutation.
Paradoxe et philosophie de bazar ou réflexion transcendante ?
Je n’en sais rien. Mais que c’est jouissif, en tout cas ! D’une jouissance qui inviterait à lire l’exercice sur un autre registre ! Le jeu est aussi tactile, et les pixels que l’on pose en lisière de son carré, on les pose du bout des doigts, en effleurant un partenaire. Le générateur numérique flirte avec l’érotisme...
Effleurement, caresse, tâtonnement, effusion... Le territoire ne serait-il pas plutôt un organisme. Une enveloppe, une peau collective, une grappe de cellules fixées, mais perméables ? Existe-il un niveau de fusion absolue entre les partenaires du point de fuite numérique qui engendrerait une création « vivante », un organisme cohérent, un « moi », une projection du point de fuite dans une réalité singulière, en analogie à la paire point de fuite/observateur de la Renaissance ?
Le générateur poïétique, code logiciel, point de fuite numérique, déployé en volupté collective, géniteur virtuel...
J’ai connu la console de jeu Atari à une époque où elle se trouvait déjà dépassée par la console Nintendo.
L’interface graphique du Poïetic Generator me fait beaucoup penser à cela (souvenez-vous de pac-man !) et je me demande pourquoi le nombre de pixels est si limité. Serait-ce techniquement possible que le G-poïetiqueur puisse disposer des possibilités graphiques qu’offre le logiciel Paint par exemple ?
Cependant, cette surface d’expression très limitée nous conduit involontairement à remplir de formes et de couleurs notre petit bout d’écran et cela se fait naturellement. Pour combler cette frustration dans le manque d’espace, la seule solution reste de travailler avec la communauté.
Alors on prouve à son voisin que l’on sait dessiner un bonhomme mieux que lui, on lui montre comment dessiner de beaux yeux, on ne répond pas au Mondrian qui se dessine dans le carré inférieur parce que c’est trop facile de faire du Mondrian ici, on répond à une ligne, d’une autre couleur, on détourne, on contourne, le voisin efface et ça repart.
Deux fonctions du GP :
Tout d’abord, je n’ai pas essayé la fonction messagerie du generateur poietic, je n’en ai pas eu l’envie. Alors je m’interroge sur cette fonction.
D’autre part, lorsqu’on visionne la totalité d’une séance après y avoir participé, l’approche en est totalement différente. Cela ressemble à une animation, improvisation pleine de vie, et là je retiens que toute la beauté qui en ressort est la différence. Si nous nous accordions tous sur le fait de dessiner un réseau quelconque ce ne serait pas si beau que de voir quelqu’un qui s’applique à faire son damier toute la soirée pendant que les autres trouvaient plus pertinent de dessiner lignes, fleurs et petit bateau.
En regardant nos séances s’animer pixel par pixel dans la fenêtre du Générateur Poïétique, je remarque d’abord l’arrivée des joueurs : un, deux puis zoom arrière pour couvrir (ou découvrir) quatre zones jouables, viennent ensuite un troisième et un quatrième, un cinquième joueur et c’est un nouveau zoom, la trame s’affine, devient une grille, un échiquier que l’un des participants reproduit comme en abyme au sein de son carré.
Comment manifester sa présence ? J’ai essayé la messagerie. Pas de réponse. Tout se passe donc dans le champ de l’image. Chaque session commence par des « hello ! » ou des « hi ! » dessinés pixel par pixel, et s’achève lorsque les joueurs tracent des « bye », des « ciao », des « à + » ou « dodo ». Entre les deux un « coucou » sur deux lignes. « Aye », répond quelqu’un. On reste surtout dans le phatique. Je suis là, tu me vois, toi aussi ? Des tags : « .EXE », « bob ! », « BOUN ! », « Poet Pouet ». C’est toi, « Isa ? ». Des commentaires : « chao », « moche », « oho » (qui devient « ohio ! »). Chacun dans son pré carré bâtit des formes simples, prégnantes : des flèches, des coeurs, des cibles mais surtout des visages, c’est la forme qu’un nouveau-né reconnaît en premier. Un contour de pixels jaunes ou une masse rose suffisent, puis un peu de marron ou de rouge : des cheveux ; quelques points : des yeux, le nez, la bouche, certains ont même des joues roses. Par moments, c’est un bateau, un soleil, une auto, un robot, un oeil qui se développe en gros plan, un Mondrian (on est entre artistes)... Les locataires des cases mitoyennes se font des clins d’oeil - un smiley, un point d’exclamation - par moments une connivence s’amorce : une tête de garçon attire une tête de fille à ses côtés, un fond vert se métamorphose en masque, un visage reçoit un cou puis un col de chemise rayé, un phylactère pousse au-dessus d’une voiture : « !!! », dédales, damiers, rayures ou plages de couleurs unies s’étendent au delà des frontières. Le Mondrian occupe trois joueurs pendant un moment. Mais le jeu continue et ces formes, ces collaborations se défont peu après, pour laisser place à d’autres, là ou ailleurs.
Le premier soir, j’étais malade, trop patraque pour veiller (le rendez-vous était à 23h), le troisième, je préparais hâtivement des valises pour un départ tôt le lendemain. Jeudi soir, il m’a fallu quelques minutes pour me remémorer les règles du jeu (j’avais déjà essayé le dispositif en ligne quelques mois plus tôt ; je connaissais le principe du Générateur depuis l’exposition « Machines à Communiquer » à la Villette en 1992). Quand je suis enfin arrivée sur la scène il y avait déjà six joueurs, un visage, une torse, une cible, si mes souvenirs sont bons. J’ai remarqué les rayures et me suis appliquée à dessiner des bandes parallèles à la Buren, faute d’autre projet. Sur le moment je ne voyais pas l’ensemble, trop concentrée sur ma partie de l’improvisation. L’observation participante est pour moi une posture difficile à tenir, comme frotter le ventre et taper la tête en même temps : ou j’observe ou je participe. Bref, j’ai participé. Pas d’idées, juste des gribouillages à la souris, degré zéro du dessin. Comme une fourmi j’ai été surtout sensible aux actions de mes voisins immédiats. C’est en visionnant l’ensemble (qui défile au pas de course) que je vois un peu plus clair. Je verrais encore mieux, j’imagine, si je les comparais avec d’autres séances, d’autres groupes, mais le temps presse, il faut rendre ma copie, Isabelle attend. Ce sera pour une autre fois.
Lors de ma participation à l’une des trois soirées pixellisantes, j’ai dû passer l’un des meilleurs moments que j’ai pu avoir sur le net. Les minutes défilaient sans que je m’en rende compte, hypnotisée par cette compréhension muette entre différentes personnes qui n’avaient qu’un seul objectif : créer des formes ou pas, mettre des couleurs, donner un sens ou pas. Enervement lorsque le voisin de carré ne me suivait pas dans mon idée ou amusement lors de l’apparition de la forme à base de trois collaborations. On aimerait, dans ces moments là, que le temps s’arrête, que les gens restent un peu plus longtemps, qu’il y ait plus de choix de couleurs, de formes d’outils. Mais cela fait aussi partie du charme de cet exercice (?), performance (?) ou plutôt rencontre interactive autour du je(u) artistique.
Lorsque je me suis couchée les yeux pleins de pixels, j’ai encore tourné longtemps dans ma tête toutes les possibilités que je n’avais pas eu le temps de réaliser. Vivement la prochaine fois qui me replongera dans ce souvenir des premiers jeux sur ordinateurs ou consoles.
Une seule ligne téléphonique pour une famille de 5 personnes, c’est comme la salle de bains unique : très vite c’est l’embouteillage. Jusqu’à l’arrivée du câble dans ma petite banlieue perdue, il n’était pas question de jouer en ligne, ni même de flâner sur le web. Je me limitais aux incursions utilitaires, et les messages d’artistes qui disent « viens voir mon site comme il est beau », passaient à la corbeille avec les spams. Mais depuis presque deux ans, nous avons le haut débit, et parmi nombre de bidouillages numériques plus ou moins réjouissants, j’ai découvert deux choses terriblement excitantes : les Wikis, et le Générateur Poïétique. Yves m’avait parlé du GP il y a quelques années, quand il en avait eu des échos par ses collègues de l’ENST qui aidaient Olivier Auber à développer ce projet, mais tant que je n’avais pas essayé, ce n’était à mes yeux qu’un gadget de plus dans le paysage.
Mon premier essai remonte à novembre dernier. J’avais posté mes réactions sur le forum info de Transactiv.exe. Au fil des essais faits sur ces deux séances du mois de novembre, mon point de vue avait évolué pour arriver à la conclusion que l’envie de mettre nos fragments de dessins bout à bout pour former quelque chose de plus ample, un ensemble plus cohérent, - mais en même temps un peu fou parce que cela dépasse notre contrôle -, cette envie n’apparaît que parce qu’on ressent l’étroitesse individuelle. C’est cette solitude assumée qui permet de s’engager dans le jeu intersubjectif.
J’avais également observé les comportements des joueurs ; ceux qui jouent dans leur coin, ceux qui font des gentils clins d’oeil à l’assemblée par figure ou smiley interposé en restant malgré tout dans leur coin, et ceux qui savent s’arrimer au dessin des cases voisines pour engager un véritable processus de création collective. Le Générateur Poïétique me fascine pour la visibilité extrêmement claire qu’il donne de ces processus. On a tout sous les yeux, pas besoin de faire un dessin.
La session du mois d’avril m’a permis de me frotter à un nouveau défi. Une fois repue des liens de connivence établis avec les cases mitoyennes, je me suis dit c’est bien gentil, mais comment faire pour sortir du rapport entre voisins de palier et engager un mouvement dans lequel tous les joueurs seront impliqués ? Quand mon voisin ne réagit qu’à ce que je fais, je voudrais qu’il soit également attentif à l’autre qui est un peu plus loin, alors j’observais la case qui était la plus éloignée de la mienne et j’essayais d’insérer des échos graphiques de son dessin dans ma case. Un ou deux autres joueurs avaient aussi compris le truc, et de timides mouvements s’amorçaient parfois, qui laissaient espérer que chacun pourrait oeuvrer en ayant conscience de la totalité des participants. C’était difficile, sachant qu’il est quasiment impossible d’avoir l’oeil partout et qu’on a aussi envie de s’amuser en faisant des blagues. Mais la bonne surprise, c’est que lorsqu’ayant négligé Pierre pour répondre à Paul, je m’apercevais que Jacques lui, n’avait pas manqué de me répondre, et ma foi, Pierre suivait aussi le mouvement. Que c’est bon de voir les choses se faire sans avoir à tout gérer ! Abandonner la maîtrise pour se mettre à l’écoute devient possible lorsqu’on se sent également écouté.
Le jeu oblige au respect ; impossible de marcher sur les plates-bandes du voisin. La seule solution pour interagir, pour sortir de sa solitude, c’est de devenir perméable, se laisser gagner par l’autre. Le bénéfice est inestimable, car parfois, pour prolonger le dessin encore énigmatique qui s’esquisse à côté on se surprend à créer des figures que l’on ne se savait pas capable d’imaginer. A la troisième séance, nous avions un peu progressé ; j’étais une machine, j’ai avalé une queue de serpent, je suis devenue ventre de dragon, poisson glouton, sirène prisonnière, petit cochon qui fuit le loup en lâchant des crottes (même chez le voisin !) et petite fille qui pleure sous le regard réprobateur de sa maman ; ses cheveux rampaient chez l’un, poussaient chez l’autre et ne lui appartenaient plus. Que d’aventures ! C’est surtout cela qui rend le Générateur Poïétique si passionnant.
Générique :
Olivier Auber : Km2.net
Antoine Moreau : antomoro.free.fr
Robert Cottet : crob.ch
Karen O’Rourke : Une carte plus grande que le territoire
Olivia Jaume et Aurélien Michel sont étudiants en maîtrise d’arts plastiques à Paris 1.
Une nouvelle session du générateur poïétique est programmée pour ce soir, 20 novembre de 19h à 20h.
Voilà bien longtemps que je n’avais pas fait une petite partie, j’espère qu’il y aura du monde derrière les écrans.
Oh ! et il y a de nouveaux textes à lire.
Pas de chance ! La session est annulée. Peut-être que le serveur de l’ENST est aussi en grève ?
Dommage.
Ah ! Voilà qui se confirme, je viens de recevoir un avis d’Olivier par mail.
Demain, Samedi 26 novembre, à 16h (heure de Paris) il y aura une nouvelle session du générateur poïétique.
Voici l’accès direct Pour participer au jeu.
J’en connais au moins un qui va être content ; depuis qu’il a entendu parler du GP, il attendait ce rendez-vous avec impatience.
A l’occasion des 6èmes Rencontres Mondiales du Logiciel Libre (RMLL) qui se tiennent du 5 au 9 juillet 2005 à Dijon, une session du Générateur Poïétique est proposée samedi 9 juillet 2005 à 22h00.
Rendez-vous sur GPWiki !
Le printemps semble réussir au Générateur Poïétique, voilà les rendez-vous qui bourgeonnent comme les crocus après la neige.
Au programme :
Le Samedi 19 mars à 13h 30 ("A la Conquête Du Web" à l’initiative de Loredana Gatta et de Vita Coppola )
Le Mercredi 23 mars à 19h (dans le cadre de la fête de l’internet, et de l’exposition Copyleft organisée par Antoine Moreau à l’Espace Culture Multimédia Elmediator de Perpignan)
Pour participer aux sessions d’improvisation collective, rendez-vous en ligne sur le Générateur Poïétique
D’autres sessions sont en préparation, notamment pour les Rencontres Mondiales du Logiciel Libre
Mais ce n’est pas fini. Le jeu continue après le jeu :
ceux qui aiment raconter et réfléchir à partir de l’expérience collective du Générateur Poïétique, peuvent apporter leur contribution dans le fil de ce forum
ceux qui souhaitent participer aux développements futurs du Générateur Poïétique, peuvent apporter leurs suggestions sur le GPWiki.
Dimanche, Jean Luc Raymond me signalait cette dépêche de l’AFP qui taille une belle place au Générateur Poïétique :
« Internet : les artistes font de la toile un lieu de création collective »
Hier, Olivier Auber relevait toutes les occurrences de l’article. Wow ! quel succès !
L’article débouche sur la question : « qui, de l’artiste ou de l’internaute, est le créateur de l’oeuvre ? »
Si vous n’avez pas d’idées, voilà de quoi nourrir d’interminables discussions pour animer vos forums. Parce que bien entendu, cela dépend des cas, et de qui fait quoi et selon quel degré de déterminisme ou d’initiative, et de ce qui ne se fait pas et de ce qui reste, et de ce qui fait oeuvre dans cette affaire, et des définitions permettant d’établir une gradation allant du méta-créateur au sous-créateur...
Autant se demander qui de l’oeuf ou de la poule, du coq ou du poussin est fait par l’autre.
Le problème avec ce genre de discussions, c’est de trouver le moyen d’y mettre fin.
En l’occurrence ici, la question ne fait pas débat, puisqu’en sa formulation, elle équivaut à l’attrape nigaud du cheval blanc d’Henri IV.
Ouf ! on l’a échappé belle !
Qu’est-ce qui est plus intéressant ? jouer au GP ou bien participer au remue méninge du GP wiki ?
Je ne sais plus.
La session du 19 n’était pas terrible, il y avait peu de monde, et dans le nombre, des timides qui osaient à peine jouer.
Je me suis dit, il faut trouver des trucs qui dynamisent le jeu. Allons bidouiller sur le GP wiki qui est là pour ça.
Alors j’ai cogité cette affaire du GP sphérique, une vague idée, presque une blague, lancée au détour d’une discussion, sans doute suscitée par l’image concave qu’Olivier avait mis sur la page d’accueil de son site. Et là, je dois dire que je me suis bien amusée, surtout grâce à Sylvie Bourguet qui me poussait à affiner la chose en demandant des explications. Bon, maintenant Olivier en fera ce qu’il voudra, c’est son affaire.
Mais ce qui s’est passé là, suit exactement le même processus que dans le jeu graphique, quand un barbouillage de pixels posés au hasard, se met à raconter quelque chose grâce à l’écho qu’en donnent les autres joueurs. Ça raconte quelque chose, oui, mais pas avec des mots : avec des formes. Et ça raconte parce que c’est adressé et mis en forme par plusieurs joueurs à la fois ; ils produisent ainsi une entente, un sens partagé de la forme. Le sens se construit peu à peu, dans les subtils allers retours qui par petites touches, insufflent à ce gazouillis d’abord informe, des hypothèses d’interprétation qui se précisent et se modifient par l’ensemble des joueurs.
Sans doute n’ai-je pas assez vécu pour être blasée.
Je reste fascinée par ce moment magique où quelque chose qui ressemble à un projet commun émerge du chaos. C’est un mouvement de bascule toujours surprenant et jubilatoire. C’est ce qui donne un sens au jeu de la vie. J’ai beau rouspéter en disant que le GP pompe du temps et de l’énergie, j’y reviens quand même, parce qu’après tout, la vie aussi est un jeu.
Hier, longue session de presque deux heures. Ce n’était pas encore la méga-session espérée par Olivier[1]. Apparemment, un certain nombre de personnes n’ont pas pu se connecter ; le serveur saturait et nous avons plafonné avec une petite vingtaine de joueurs. Malgré les distraits qui laissent leur jardinet en friche pour vaquer à d’autres occupations, il y a eu encore une fois, quelques beaux moments. Rien de spectaculaire, pas de flash-mob totalisant emportant le collectif dans une de ces chorégraphies globales menées à coup de baguette qui pour être invisible n’a rien de magique. Non, juste quelques personnes qui de part et d’autre de l’échiquier ont su parfois être à l’écoute.
[1] Je ne suis pas encore convaincue de l’intérêt de faire des méga-sessions. Mais Olivier est curieux de voir comment se déroule une improvisation collective avec plus de 30 ou 50 joueurs. Je comprends sa curiosité, mais je me demande si l’observation de la blogosphère ne peut pas donner une préfiguration de cette dynamique. Cependant, le plus difficile reste de rassembler autant de personnes capables de faire confiance au langage des formes en se passant des mots. Cela paraît tout bête, mais finalement, j’ai l’impression que ça ne court pas les rues.
Rapide copié collé en guise de réponse :
http://autrans.crao.net/index.php/G%E9n%E9rateurPo%EF%E9tique
Ce qu’ illustre bien le GP c’est que les Territoires doivent être considérés à travers des formes de présences. La qualité du rendu du GP varie avec le nombre de participants, la quantité devient un gage de qualité, en l’occurrence elle permet d’augmenter la résolution d’une image. Le grain de l’image est fonction du nombre de participants qui n’ont individuellement aucune maitrise sur ce paramètre puisqu’il dépend de tous. On peut envisager les territoires comme autant d’images de plus ou moins bonne résolution.... :)
Et au passage je suis tout à fait d’accord avec toi à propos de l’analogie entre ce que permet l’application GP et ce que permet un wiki tel que le GP wiki ... les deux nous offrent des expériences de ce que la collaboration peut produire..., ils nous offrent des espaces d’apprentissage pour le développement de l’intelligence collective c’est à dire une intelligence orientée vers la création de biens communs ... Je ne suis pas encore blasée non plus ;)
Hum... J’espère que l’intérêt d’une méga-session ne se limite pas à produire une meilleure résolution d’image. Si les participants n’étaient là que pour donner chair et texture à une image quelconque ce serait tout simplement effroyable. Voir par exemple le travail de Spencer Tunick dont je parlais à propos de flashmobs.
Je suis la première à admettre que sans la participation des volontaires qui se prêtent au jeu, les oeuvres du type de ceux de Tunick ou d’Olivier Auber n’auraient tout simplement pas d’existence, à moins d’en exposer le projet comme on exhibe un embryon dans un bocal de formol.
Cependant, hormis cette dépendance au bon vouloir des participants qui constitue le point commun de nombreuses propositions artistiques actuelles, il me semble qu’il y a de grandes disparités parmi celles-ci. Un des critères de distinction serait le rôle plus ou moins accessoire que le dispositif assigne au contributeur. L’autre serait l’intérêt que revêt l’expérience même de cette participation pour chaque contributeur. Le dernier serait l’intérêt du résultat final pour des tiers.
C’est qu’il ne suffit pas de prêter corps à un projet pour donner un sens à ses actes. Les figurants des installations de Spencer Tunick restent nus, ils illustrent un concept prêt à porter, ils l’habillent, mais eux, restent nus.
Fort heureusement, le GP n’est pas assimilable aux travaux de Spencer Tunick ni aux flash-mob. Il pourrait le devenir si l’on faisait un usage plus autoritaire de la boîte de dialogue en transmettant un mot d’ordre aux joueurs, comme cela se fait par exemple avec « the smaller picture » de Kevan Davis, qui au demeurant, ne donne pas des résultats très intéressants[1]. Quand le dessein est prédéterminé et que le participant n’a pas d’autre rôle que de l’incarner, le jeu perd tout son intérêt. Il n’est plus question alors de joueurs mais de simples exécutants. C’est une des raisons pour lesquelles sur le GP, je préfère ne pas trop faire usage de la boîte de dialogue ; j’aime que tout se construise par l’image et les formes. Dans les sessions auxquelles j’ai participé je n’ai jamais vu des mots d’ordre circuler dans la boîte de dialogue, et c’est tant mieux.
Pour revenir à mes doutes sur les méga-sessions, il me semble que l’on atteindrait un seuil critique quand la facture deviendrait texture. Pour reprendre la terminologie de Benjamin Buchloh, c’est dans les relations que la micro-structure entretient avec la macro-structure que les choses sont intéressantes. Si ce que réalise chaque participant descend en dessous du seuil de ce qu’on peut reconnaître comme une micro-structure, et s’il n’y a pas un dessein commun prédéterminé, alors on aboutit à un chaos informe, à du bruit. Si la facture ne contribue pas à déterminer ce dessein commun, si elle devient une simple texture, alors le joueur ne peut plus reconnaître un sens à ce qu’il fait. Et dans ce cas, il n’a plus aucune raison de continuer à s’intéresser au jeu.
Très prosaïquement, l’interface actuelle du GP ne permet pas de travailler avec plus de 30 joueurs tout en gardant une certaine visibilité de la place que l’on occupe par rapport à ses voisins (le 23 mars, à partir de 18 participants, j’avais du mal à zapper visuellement entre la fenêtre commune et ma petite fenêtre individuelle). Au delà de 30 ou 50 joueurs, les pixels que l’on pose seraient tellement petits et insignifiants, que chaque joueur perdrait de vue le sens même de ce qu’il construit. A partir de là il n’aurait que deux choix : soit peaufiner son petit dessin dans son coin (que personne ne voit tant c’est petit), soit poser des pixels à l’aveuglette, car il ne voit pas bien l’effet de son travail sur la composition globale tant sa contribution est noyée dans la masse.
A moins d’ajouter une fonction Zoom au GPsphérique (Ho ! tu m’entends Olivier ?).
Cela dit, je reconnais que dans les conditions démographiques actuelles c’est important d’apprendre à penser et agir avec le nombre et même avec la masse. Ce sont des conditions sans précédent, et nous n’avons pas de modèles pour penser l’interaction sociale à cette échelle. Nous ne disposons que du contre modèle des totalitarismes. Donc, il faut effectivement tenter des expériences comme les méga-sessions du Générateur Poïétique pour se faire les dents et pour observer ce qui se passe, mais en restant vigilants. L’intérêt d’un jeu, c’est qu’il nous apprend à vivre en reproduisant sur un registre ludique des conditions que nous avons à affronter dans la réalité. Le GP est un bon observatoire pour cela.
[1] voir l’article de Clive Thompson :
Art Mobs ; Can an online crowd create a poem, a novel, or a painting ? juillet 2004
Petit changement d’horaire, je supprime la précédente annonce faite il y a cinq jours pour qu’il n’y ait pas de risque confusion.
Une nouvelle session du Générateur Poïétique aura lieu le 13 janvier à 18h30 dans le cadre des rencontres d’Autrans 2005.
Cette année le thème des rencontres d’Aurans porte sur les territoires du net.
Nos compte-rendus de la session d’Avril 2004 (voir l’article) faisaient souvent ressortir des enjeux de territoire (et de leur dépassement), qu’il s’agisse de l’espace graphique partagé par les joueurs ou de l’espace imaginaire de chaque joueur qui devient perméable aux autres. L’expérience du Générateur Poïétique apportera sans doute un éclairage intéressant sur les questions abordées dans le cadre d’Autrans.
Cette session a été programmée grâce au soutien de Jean-Luc Raymond, Arnaud Fontaine, Bruno Oudet, Yann Le Guennec et Olivier Zablocki.
Le communiqué d’Olivier Auber :
ATTENTION CHANGEMENT D’HORAIRE :
jeudi 13 janvier, 18h30 > 20h30PLEASE NOTE THE NEW APPOINTMENT :
Thursday, january 13rd6:30 PM (Paris, Rome, Autrans, Ile de Ré...)
3:30 PM (Sao Paulo, Rio....)
0:30 PM (New-York, Montréal...)
10:30 AM (Colorado, hello Boulder !)
9:30 AM (LA, San Francisco...)===============
Dans le cadre des rencontres d’Autrans 2005 sur le thème "les territoires de
l’Internet" est proposée une nouvelle expérience d’interaction collective
temps réel en ligne, le jeudi 13 janvier à partir de 18h30.COMMUNIQUE
"Internet m’a tuer" pouvait-on lire il y a peu sur les banderoles anti I-TGV
brandies par les chevilles ouvrières du rétrécissement de territoire à coups
de kilomètres/heure, aujourd’hui rattrapés par une autre vitesse. Au même
moment, ceux qui oeuvrent au cœur du "temps réel" (en attendant d’être les
plus lents demain ?) vont se rencontrer cet hiver à Autrans sur le double
thème : "Internet et les territoires - les territoires de l’Internet", une
ambivalence qui n’est pas qu’une formule, mais un questionnement de plus en
plus partagé : à un rythme accéléré, l’Internet percute les territoires
usuels (géographiques, politiques et sociaux) ; à un rythme plus rapide
encore semblent se recomposer d’autres formes de territoires et de pouvoirs
à l’intérieur de l’Internet même. Les Cassandres qui avait prédit la
collision de l’accélération numérique contre l’inertie territoriale
avaient-ils raison ? Sommes-nous en train de nous écraser contre le mur du
temps ?Entre les débats et ateliers des rencontres d’Autrans, une expérience
collective en direct, ouverte non seulement aux congressistes mais à tous
les internautes, propose de se confronter directement à ces questions : il
suffira de se "rendre" sur le site http://poietic-generator.net pour
littéralement se retrouver tous scotchés sur le mur tant redouté. Nous
pourrons tous interagir en même temps sur un même écran, sans distinction de
distance, d’âge, de sexe, de niveau social, d’éducation, d’opinion politique
et de religion, et tout cela sans l’entremise d’aucun centre. Que se passe
t’il alors ? Quelqu’un a t’il un modèle pour penser un tel phénomène ? Quel
système politique pourra y survivre lorsqu’il sera massif ? Quelqu’un se
souvient-il de la recette de la mousse au chocolat ?===============
Pour mémoire, le Générateur Poïétique est un dispositif expérimental (et
non-commercial) permettant à un grand nombre de personnes d’interagir
individuellement en temps réel sur une seule et même image collective. La
prochaine expérience est ouverte à tous les internautes depuis chez eux,
comme à tous les participants d’Autrans qui pourront y accéder en WIFI
depuis leur ordinateur portable. Pour cela, il suffira de se connecter à
l’heure dite (jeudi 13 janvier à partir de 18h30) sur le site :
http://poietic-generator.netUne présentation détaillée de l’expérience et de ses attendus théoriques est
disponible sur KM2.net (article d’Olivier Auber en pdf).Les participants sont invités à faire part de leur réactions sur le blog des
GP-fans de Transactiv.exe [c’est à dire ici même !]WIKI de préparation des rencontres d’Autrans
Le programme des rencontres d’Autrans 2005
Contact à Autrans : François Gouy et Arnaud Fontaine
Contact en ligne : Olivier Auber
Expérience organisée avec le concours du réseau Transactive.exe
A jeudi 13, 18h30 sur le Générateur Poïétique !
Pas le temps de rebondir sur la dernière session du générateur poïétique. Encore une fois, ce n’était pas la grande foule. Mais avec une bonne quinzaine de personnes en ligne pendant deux heures, il y avait de quoi s’amuser. Le jeu a mis du temps à décoller. Comme le disait Antoine Moreau dans son compte rendu, à chaque fois on attend que quelque chose se produise, et ça finit toujours par arriver, plus ou moins.
Je sors tout de même la tête hors de l’eau, juste deux minutes, pour annoncer qu’Arnaud Fontaine et Olivier Auber ont créé le wiki du Générateur Poïétique. Très bonne initiative ! Il s’agit de réfléchir à l’évolution de la plateforme du GP, qui, faut-il le rappeler, fut conçu à l’époque du minitel. Ceux qui veulent contribuer en faisant des suggestions ou en apportant une aide technique sont donc les bienvenus.
Une méga-session du Poïetic-Generator aura lieu demain, Samedi 2 octobre de 14h30 à 17h30 (et probables prolongements)
Rendez-vous en ligne sur le Générateur Poïétique
Pour jouer : cliquer sur l’image > lancez le générateur poïétique > "participer".
Cette session est organisée dans le cadre conjoint de la Villette Numérique et du Festival Emergences.
La session sera projetée en direct pendant la visio-conférence (Festival Emergences) organisée à l’initiative de Anne Roquigny : "Performances artistiques en réseau - historique, actualité & devenir", en direct depuis La Laiterie (Strasbourg) et la Maison de La Villette (Paris), et en connexion avec Montréal (SAT), Rotterdam (V2), New-York (Festival Spectropolis) et Maribor (Kibla).
Transactiv.exe est associé à cette opération, et nous sommes très intéressés par les retours d’expériences, analyses et commentaires des participants ; n’hésitez pas à poster dans le fil de ce forum.
J’invite tout particulièrement les blogueurs et les wikistes à participer à cette nouvelle session ; les processus d’interaction qui sont mis en oeuvre dans le générateur poïétique présentent des analogies intéressantes avec les interactions qui animent la blogosphère ainsi qu’avec les méthodes de collaboration en usage sur les wikis.
Rompus à ce type d’échanges, les blogueurs et les wikistes me semblent très bien placés pour apporter des éléments de réflexion et d’analyse pertinentes sur les processus de création collective qui sont induites par le générateur poïétique.
Si, à l’issue de cette session vous préférez publier vos réflexions sur votre propre blog ou wiki, faites le moi savoir par courriel afin que je puisse le signaler ici.
Nous avons eu chaud Samedi. Une course contre la montre s’est engagée à partir de 11 h 30 quand un courriel d’Olivier Auber nous apprenait que le serveur sur lequel est hébergé l’application du Générateur Poïétique ne répond pas ; c’est le week end, il n’y a personne à l’ENST. Quoi ! depuis trois jours je spame des listes de diffusion, des blogs et des wikis, pour annoncer l’événement et tout tomberait à l’eau pour une histoire serveur ? Ah Non !
J’arrache Yves à sa douce lecture sous couette, et le voilà lancé dans une opération de pings et de téléphonite fébrile pour joindre finalement le responsable de la bulle où se trouve le serveur. Nous l’avons dérangé en plein déjeuner familial, et il a dû retourner au travail un Samedi pour remettre la machine en marche. A 14h15 l’appli du GP répondait enfin présent. Ouf ! Un grand merci donc à Yves et à son dévoué collègue.
La dose d’adrénaline à peine dissipée, je me branche sur le GP pour 2 heures d’improvisation collective. Je m’attendais à ce qu’il y ait foule, mais l’affluence était juste raisonnable. Il y avait sans doute trop de choses à faire ce Samedi, entre ceux qui préféraient profiter du dernier jour d’ouverture de la Villette Numérique, ceux qui étaient déjà en route pour la Nuit Blanche ou le ParisMob, et ceux qui avaient mieux à faire que de jouer derrière un écran. Beaucoup de joueurs sont passés en touriste, ont déplacé leurs pixels pendant ¼ d’heure ou ½ heure et sont repartis, laissant la place à d’autres joueurs tout aussi inconstants. Ces joueurs là n’ont pas le temps d’entrer en dessin. Ils chattent avec des mots fastidieusement construits pixel par pixel, mais le GP n’est pas un outil adapté pour cela. Non, l’échange se passe en deça des mots, dans les accords de couleur, le remous des formes, les associations d’idées produites par des figures au destin encore incertain, toutes choses qui nous plongent dans un état de réceptivité presque subconsciente, et nous amènent dans le registre de l’improvisation collective ; un équilibre délicat entre l’écoute, l’abandon et l’invention qui se coordonne de façon intuitive, dans le mutisme et une entente trouvée à tâtons entre des joueurs distants qui ne savent rien les uns des autres.
Magré tout, dans le nombre il devait bien y avoir 6 ou 7 joueurs qui tenaient la longueur, assez pour qu’il y ait quelques très bons moments. J’ai vaguement repéré la présence de Robert, Antoine, Aurélien et Bobig grâce à la petite boîte de dialogue où s’annoncent les entrées et sorties des joueurs. Les autres m’étaient inconnus. De toutes façons, sauf Bobig qui s’est annoncé dans son carré de couleurs avant de faire un joli dessin dont les échos se sont un moment prolongés jusqu’à l’autre bout du terrain, je vous avoue que j’ai été encore une fois trop affairée avec les pixels pour savoir qui faisait quoi et où. Je me suis surprise à éclater de rire à plusieurs reprises. D’abord à propos d’un épisode à rayures, un truc facile sur lequel un consensus a pu se former entre tous les joueurs et où l’on a pu voir un petit bonhomme à poil se laisser enfermer peu à peu derrière les barreaux jusqu’à ce qu’il disparaisse totalement. L’assistance était plutôt portée sur les constructions abstraites. Aussi, quand une petite histoire figurative réussissait à mobiliser quelques joueurs, cela devenait une boîte à surprise avec des rebondissements parfois inattendus tel cet épisode très sexy d’un homme qui, se trouvant doté d’un corps de femme, se débarrasse de sa barbe, et trouve même des partenaires qui lui font des choses... oh ! oh ! ... [1]
Je ne sais pas si ceux qui ont pris part à cette session se manifesteront ici ou ailleurs dans les jours qui viennent. Ils seront de toutes façons bienvenus, même dans l’inévitable “retard” que nous fabrique la brûlante exigence de l’actualité évènementielle.
Comme on ne peut pas être au four et au moulin, je ne sais rien de ce qui s’est dit ou vu pendant la visio-conférence. Peut-être Olivier pourra-t-il nous en toucher un mot ?
Merci aux joueurs avec lesquels j’ai passé un trés bon après-midi. Merci également à ceux qui ont relayé l’information sur cette session du générateur poïétique :
Puck qui a introduit le GP sur le blog pêchu et pointu de fluctuat.net
Le very smart Jean-Luc Raymond à qui le GP doit d’être présenté sur SmartMobs, rien que ça !
Netlex enfin, que je considère depuis un bon moment déjà, comme un super-transactiveur : il transactive à distance, mais quelle richesse et quelle pertinence ! Netlex ne s’est pas contenté de relayer l’information. Il nous offre en prime une très belle contribution surprise qui rejoue avec des mots choisis, ce qu’une partie de générateur poïétique joue avec des formes. C’est une danse mentale où des bribes d’idées et d’émotions interfèrent, se recomposent et se défont à chaque fois que l’on rafraîchit la page [2]. Au fond, la poïétique n’est-ce pas simplement cela : de la poésie en action ?
En fin de soirée, vers 1h 30 du matin, je suis retournée sur le GP pour visionner les archives. J’ai croisé un joueur solitaire, et pendant quelques minutes nous avons joint nos pixels pour former quelque chose qui aurait pu être un très joli tapis. Peut-être désirait-il rester seul ? J’espère ne pas l’avoir dérangé trop longtemps.
[1] Vous pouvez visionner les archives des précédentes sessions du Générateur Poïétique : Cliquez sur l’image et lancez le générateur poïétique. Cliquez sur le bouton « visionner », double cliquez sur le fichier de votre choix puis cliquez sur « OK ». Lancez alors la « lecture ».
http://poietic-generator.net/rubrique.php3?id_rubrique=1
[2] En jouant de la souris pour sélectionner des portions de texte, vous verrez s’ouvrir des dédales de sens qui se téléscopent.
Emographe NUIT BLANCHE 2004 a été réalisé par Netlex avec le programme Linguasso de Chris King.
Il s’en passe des choses la nuit !
Je viens de visionner les archives de la session du 2 octobre, et je vois qu’après le petit épisode du tapis auquel je m’étais jointe vers 1h30 du matin, la partie a encore continué un bon moment, sans doute toute la nuit, tantôt en s’effilochant avec un ou deux joueurs, tantôt en se réactivant avec 4 ou 5 joueurs. Il devait y avoir quelques blogueurs dans le nombre, le mot "blogalisation" a été tracé en vitesse, un url est apparu, et bien sûr plein d’autres belles choses.
Mmm... je sens que des petits groupes d’amis vont se donner de temps en temps des rendez-vous en ligne bien sympathiques ;-)
Nouvelle lune à la Villette, 21/09/04, soir de vernissage.
En fin de conférence, Pierre Bongiovanni, tout juste apparu dans l’assemblée 3 minutes plus tôt, résuma fort justement les débats auxquels il n’avait pas assisté, par la question suivante : quel est l’œuvre qui pourra atteindre sur le réseau, le même impact et la même pertinence que la "guerre des mondes" d’Orson Welles avait atteint sur la radio ? Un imbécile lui avait répondu quelques mois plus tôt : le "Gesamtkunstwek du 11 septembre" orchestré par Ben Laden. Belle illusion d’(an-)optique ! L’art et la guerre sont en effet tellement symétriques ("par rapport au sacré", avait risqué Mircea Eliade), que le pauvre homme a confondu l’un avec l’autre. Cependant son affirmation , bien qu’erronée, a le mérite de préciser la question posée par Pierre. Je vous laisse maintenant inventer une réponse...
Désolée de n’avoir pas réagis plus rapidement au mail pertinent posté
lors de la session du Générateur Poïétique. Je ne suis pas si sûre en
revanche que Pierre Bongiovani "résuma fort justement les débats auxquels il
n’avait pas assisté" par la même question récurrente, qu’il utilise
comme un adulte en mal de créativité culinaire sert à ses petits, le
plat de raviolis.
J’ai moi le sentiment qu’ en terme de création, la révolution numérique
nous entraîne ostensiblement dans l’ère du Do It Yourself et qu’on tend
au contraire à s’affranchir du spectaculaire. L’essentiel des
monologues plus ou moins confus de ce samedi téléprésent portaient il
me semble, sur l’idée d’oeuvre partagée, d’échange, d’expérimentation,
de micro-événement, de la nécessité de douter, de jouer et surtout pas
d’IMPACT MASSIF.
Autrement dit, qu’est-ce qu’il y a en dessert ?
orevo
Je vous ai préparé 3 petites gâteries en AVI-MPEG4 :
http://poietic-generator.net/VIDEO/transactiv.exe-5mai04.avi
http://poietic-generator.net/VIDEO/transactiv.exe-6mai04.avi
http://poietic-generator.net/VIDEO/transactiv.exe-7mai04.avi
Amicalement
Olivier
La semaine dernière, Olivier Auber nous signalait la parution d’un nouvel article sur le générateur poïétique dans le magazine électronique du CIAC de Montréal.
L’article de Sylvie Parent insiste tout particulièrement sur les « effets de vie » produits par les oeuvres génératives qui dialoguent avec l’ordinateur :
« Quelque chose se passe, quelque chose d’inattendu et d’incontrôlable. Le hasard et
l’absence d’emprise (totale) sur l’avenir produisent ces effets de vie qui découlent du
pacte avec l’ordinateur. »
De son côté, dans son article Du générateur poïétique à la perspective numérique, Olivier Auber faisait référence à l’algorithme de Conway qui modélise l’évolution d’une population de cellules et permet de simuler le jeu de la vie.
Les règles de vie qui émergent intuitivement du GP sont sans doute plus complexes que la modélisation de Conway, mais le fait que des comportements optimaux (c’est à dire profitables à la survie du jeu) puissent être plus ou moins cernés, implique qu’en jouant selon ces règles nous simulons à notre tour un jeu de vie.
Aussi, malgré mon désir de la croire, je ne suis qu’à moitié convaincue lorsque Sylvie Parent conclut à propos du Générateur Poïétique :
« En ce sens, ce n’est pas tant une impression de vie qui résulte de l’expérience, mais bien la certitude de prendre part à la vie elle-même. »
Après tout, le Générateur Poïétique est un jeu. Comme dans la lecture d’une fiction, on adhère à la convention qui suspend l’incrédulité. Crédulité consentie pour un laps de temps limité, le temps de faire quelques parties. Mais ce temps est bel et bien pris sur la vie.
Effet de vie
L’effet de vie, c’est déjà ce que chaque joueur tente de créer (simuler) dans son petit carré de pixels, car il comprend très vite que c’est en donnant une animation constante à son bout de territoire qu’il pourra attirer l’attention des autres joueurs et leur donner l’envie d’interagir avec son dessin. C’est un principe bien connu des pédo-psychologues (et des publicitaires aussi) ; un jouet « vivant », utilisé, deviendra objet de convoitise pour d’autres enfants, bien plus sûrement qu’un jouet inanimé et désinvesti.
Les règles s’instaurent très vite. Le joueur comprend qu’il crée un poids mort quand son dessin reste trop statique, il comprend qu’il casse la dynamique collective s’il efface brusquement tout son dessin pour recommencer à zéro. Pourtant, cette simulation de mort est parfois nécessaire quand la verve collective s’épuise. Elle permet de redynamiser le jeu. Etre en perpétuelle métamorphose devient la règle.
L’effet de vie, c’est aussi ce qui reste dans l’historique accéléré du jeu en archive. Une animation sympathique avec ses hésitations, ses maladresses, la fraîcheur juvénile des gros pixels en aplats de couleurs, toutes ces choses qui donnent ce caractère enfantin et si attachant au générateur poïétique, caractère également recherché dans la conception des robots de compagnie [1].
Restes de vie
Il était tard. Comme les autres participants, j’étais fatiguée à la fin d’une journée de travail, et l’air de rien, produire un effet de vie, ça pompe pas mal d’énergie. Ainsi va la vie.
Les 7, 8, et 9 avril, de 23h à 24h : à chaque partie je me disais que nous avions eu tort de programmer ça aussi tard. J’aurais préféré être plus alerte pour simuler la vie. La frénésie que l’on voit en accéléré dans les historiques du jeu exprime finalement assez bien la tension du jeu : être présente, élargir mon périmètre d’attention, réagir, évoluer, surprendre, si possible anticiper sur les effets d’accélération que produira l’historique pour créer des séquences de mouvement à peu près organiques.
Quelques questions brouillonnes sur lesquels il faudra revenir :
Est-ce que je vis aussi bien qu’un robot, suis-je aussi performante [2] ? Et qui donc jouira à ma place si je deviens obsolète ?
Ce que je crois vivre en me prêtant à la simulation collective de la vie me permet-il de construire un idéal de vie ? Peut-on associer le moi idéal qui en résulte au sujet/point de fuite qu’Olivier Auber décrit à propos de la perspective numérique [3] ? A partir de quand cet idéal devient-il une imposture ?
Ce que chaque participant a vécu pendant ces trois sessions se résume-t-il à ce que raconte l’historique ? Et quid du reste ?
Le reste est sans doute insignifiant et ne vaut pas la peine d’être représenté : la fatigue, la jubilation, la contrariété de voir le jeu piétiner, la surprise de le voir s’emballer, le désarroi quand je suis en panne d’idée, l’irritation quand je me trompe dans l’alignement des pixels, l’effort de deviner qui est propriétaire du carré de gauche (c’est idiot, ça ne sert à rien, mais je ne peux pas m’en empêcher), l’effort d’ignorer les signaux de la boîte de courriel que j’ai oublié de fermer avant le jeu. Assise depuis ¾ d’heure rivée sur l’écran, j’ai mal aux fesses, les yeux me brûlent, mais je ne veux pas les fermer. Je veux vivre, tant que le GP est vivant, tant que le monde tourne ! Et pour ça je suis prête à tout, même à simuler la vie.
Effet de vie, effet d’eau, effet de tunnel, effet fractal, effet de neige....Voici toute une palette d’effets pour animer vos pages web.
[1] Un robot peut-il être notre ami ? Par Frédéric Kaplan (pdf), CSL.Sony
[2] Fing : Frédéric Kaplan l’intelligence artificielle ne peut jamais atteindre son objectif
car celui-ci change au fur et à mesure que des progrès sont réalisés (partage de l’attention et curiosité artificielle chez les robots, deux choses encore très difficiles à
produire en intelligence artificielle)
[3] Rose-Paule Vinciguerra Tu ne me vois pas d’où je te regarde, Ecole de la Cause Freudienne :
« Mais c’est plutôt là que s’appréhende la puissance d’une image idéale. Il y a, dit Lacan, "autant de points de fuite possibles sur cette ligne d’horizon qu’il y a de moi idéaux". Le sujet, pensant qu’il se donne une représentation ordonnée, mesurée comme un espace cartésien « partes extra partes » dont la pensée peut maîtriser toute l’étendue, lâche la bride à sa rêverie, persuadé qu’il pourra ensuite la lui retirer, revenu à lui dans la transparence de sa raison. Il se croit sans épaisseur, charmé qu’il est par son image anticipée là-bas. Il ne s’aperçoit pas que son corps fait écran à sa vision et qu’il ne fomente qu’un autre construit par analogie avec lui-même. »
Hello Isa. Je vois que tu es toujours sur le coup. Mois aussi ;-)
J’ai avancé un peu mes réflexions sur la "perspective numérique".
J’aimerais bien avoir ton avis...
C’est sur http://perspective-numerique.net
Ca peut se lire en mode hypertexte, ou bien mode linéaire (on peut imprimer tout ou presque)
Bises —O
Cher Olivier, je lirai certainement ton texte, et avec plaisir. Mais je vais d’abord essayer d’avancer avec ces histoires de Simorgh qui attendent depuis un bout de temps au congélateur. Ne crois pas que ce soit sans rapport avec ce qui nous intéresse ici ; quoique selon une perspective plus spéculative que numérique, il y est également question de la façon dont une multitude d’êtres se retrouvent et s’unissent. D’ailleurs, si j’ai replongé le nez dans cette affaire, c’est la faute à ton copain l’Escape ;-)
Raaah, je crains que tu n’en sortes jamais. Te reverrai-je ma copiiiiine ?
Mais oui, Olivier, nous nous reverrons.
C’est vrai que je me suis lancée dans un travail de Pénélope (peut-être que j’attends un Ulysse ?). Mais je ne suis pas inquiète, j’ai juste envie de poursuivre. Quand on réouvre ce genre de dossier, il faut en faire le tour avec les moyens qu’on a à sa disposition. Et le jour où on trouve de nouvelles ressources, on fait un nouveau tour. C’est un truc périodique. C’est comme la vie.
Alors t’en es où Pénélope ?
Entre temps, j’ai un nouveau texte (très court) :
http://perspective-numerique.net/wakka.php?wiki=IriOlivierAuberOct08
je le languis de te revoir ;-)
Salut Olivier,
Tu devrais peut-être discuter avec le responsable réseau de l’ENST et ses supérieurs pour trouver avec eux un accord plus pérenne. Après tout, n’est-ce pas un honneur pour eux d’héberger le Générateur Poïétique ? La semaine dernière, en voulant proposer une partie à mes étudiants, nous nous sommes encore une fois heurtés à une notification de serveur non disponible. C’est bien dommage !
Pour l’instant Pénélope a quelques soucis de santé, mais elle se soigne et finira bien par se remettre d’aplomb. Quand elle en a la force, elle fait le tri parmi les 34Gio de photos mitraillées pendant son Odyssée.
A bientôt, et merci de donner de temps en temps de tes nouvelles. Nous suivons tes travaux avec intérêt.