Je vous ai préparé 3 petites gâteries en AVI-MPEG4 :
http://poietic-generator.net/VIDEO/transactiv.exe-5mai04.avi
http://poietic-generator.net/VIDEO/transactiv.exe-6mai04.avi
http://poietic-generator.net/VIDEO/transactiv.exe-7mai04.avi
Amicalement
Olivier
La semaine dernière, Olivier Auber nous signalait la parution d’un nouvel article sur le générateur poïétique dans le magazine électronique du CIAC de Montréal.
L’article de Sylvie Parent insiste tout particulièrement sur les « effets de vie » produits par les oeuvres génératives qui dialoguent avec l’ordinateur :
« Quelque chose se passe, quelque chose d’inattendu et d’incontrôlable. Le hasard et
l’absence d’emprise (totale) sur l’avenir produisent ces effets de vie qui découlent du
pacte avec l’ordinateur. »
De son côté, dans son article Du générateur poïétique à la perspective numérique, Olivier Auber faisait référence à l’algorithme de Conway qui modélise l’évolution d’une population de cellules et permet de simuler le jeu de la vie.
Les règles de vie qui émergent intuitivement du GP sont sans doute plus complexes que la modélisation de Conway, mais le fait que des comportements optimaux (c’est à dire profitables à la survie du jeu) puissent être plus ou moins cernés, implique qu’en jouant selon ces règles nous simulons à notre tour un jeu de vie.
Aussi, malgré mon désir de la croire, je ne suis qu’à moitié convaincue lorsque Sylvie Parent conclut à propos du Générateur Poïétique :
« En ce sens, ce n’est pas tant une impression de vie qui résulte de l’expérience, mais bien la certitude de prendre part à la vie elle-même. »
Après tout, le Générateur Poïétique est un jeu. Comme dans la lecture d’une fiction, on adhère à la convention qui suspend l’incrédulité. Crédulité consentie pour un laps de temps limité, le temps de faire quelques parties. Mais ce temps est bel et bien pris sur la vie.
Effet de vie
L’effet de vie, c’est déjà ce que chaque joueur tente de créer (simuler) dans son petit carré de pixels, car il comprend très vite que c’est en donnant une animation constante à son bout de territoire qu’il pourra attirer l’attention des autres joueurs et leur donner l’envie d’interagir avec son dessin. C’est un principe bien connu des pédo-psychologues (et des publicitaires aussi) ; un jouet « vivant », utilisé, deviendra objet de convoitise pour d’autres enfants, bien plus sûrement qu’un jouet inanimé et désinvesti.
Les règles s’instaurent très vite. Le joueur comprend qu’il crée un poids mort quand son dessin reste trop statique, il comprend qu’il casse la dynamique collective s’il efface brusquement tout son dessin pour recommencer à zéro. Pourtant, cette simulation de mort est parfois nécessaire quand la verve collective s’épuise. Elle permet de redynamiser le jeu. Etre en perpétuelle métamorphose devient la règle.
L’effet de vie, c’est aussi ce qui reste dans l’historique accéléré du jeu en archive. Une animation sympathique avec ses hésitations, ses maladresses, la fraîcheur juvénile des gros pixels en aplats de couleurs, toutes ces choses qui donnent ce caractère enfantin et si attachant au générateur poïétique, caractère également recherché dans la conception des robots de compagnie [1].
Restes de vie
Il était tard. Comme les autres participants, j’étais fatiguée à la fin d’une journée de travail, et l’air de rien, produire un effet de vie, ça pompe pas mal d’énergie. Ainsi va la vie.
Les 7, 8, et 9 avril, de 23h à 24h : à chaque partie je me disais que nous avions eu tort de programmer ça aussi tard. J’aurais préféré être plus alerte pour simuler la vie. La frénésie que l’on voit en accéléré dans les historiques du jeu exprime finalement assez bien la tension du jeu : être présente, élargir mon périmètre d’attention, réagir, évoluer, surprendre, si possible anticiper sur les effets d’accélération que produira l’historique pour créer des séquences de mouvement à peu près organiques.
Quelques questions brouillonnes sur lesquels il faudra revenir :
Est-ce que je vis aussi bien qu’un robot, suis-je aussi performante [2] ? Et qui donc jouira à ma place si je deviens obsolète ?
Ce que je crois vivre en me prêtant à la simulation collective de la vie me permet-il de construire un idéal de vie ? Peut-on associer le moi idéal qui en résulte au sujet/point de fuite qu’Olivier Auber décrit à propos de la perspective numérique [3] ? A partir de quand cet idéal devient-il une imposture ?
Ce que chaque participant a vécu pendant ces trois sessions se résume-t-il à ce que raconte l’historique ? Et quid du reste ?
Le reste est sans doute insignifiant et ne vaut pas la peine d’être représenté : la fatigue, la jubilation, la contrariété de voir le jeu piétiner, la surprise de le voir s’emballer, le désarroi quand je suis en panne d’idée, l’irritation quand je me trompe dans l’alignement des pixels, l’effort de deviner qui est propriétaire du carré de gauche (c’est idiot, ça ne sert à rien, mais je ne peux pas m’en empêcher), l’effort d’ignorer les signaux de la boîte de courriel que j’ai oublié de fermer avant le jeu. Assise depuis ¾ d’heure rivée sur l’écran, j’ai mal aux fesses, les yeux me brûlent, mais je ne veux pas les fermer. Je veux vivre, tant que le GP est vivant, tant que le monde tourne ! Et pour ça je suis prête à tout, même à simuler la vie.
Effet de vie, effet d’eau, effet de tunnel, effet fractal, effet de neige....Voici toute une palette d’effets pour animer vos pages web.
[1] Un robot peut-il être notre ami ? Par Frédéric Kaplan (pdf), CSL.Sony
[2] Fing : Frédéric Kaplan l’intelligence artificielle ne peut jamais atteindre son objectif
car celui-ci change au fur et à mesure que des progrès sont réalisés (partage de l’attention et curiosité artificielle chez les robots, deux choses encore très difficiles à
produire en intelligence artificielle)
[3] Rose-Paule Vinciguerra Tu ne me vois pas d’où je te regarde, Ecole de la Cause Freudienne :
« Mais c’est plutôt là que s’appréhende la puissance d’une image idéale. Il y a, dit Lacan, "autant de points de fuite possibles sur cette ligne d’horizon qu’il y a de moi idéaux". Le sujet, pensant qu’il se donne une représentation ordonnée, mesurée comme un espace cartésien « partes extra partes » dont la pensée peut maîtriser toute l’étendue, lâche la bride à sa rêverie, persuadé qu’il pourra ensuite la lui retirer, revenu à lui dans la transparence de sa raison. Il se croit sans épaisseur, charmé qu’il est par son image anticipée là-bas. Il ne s’aperçoit pas que son corps fait écran à sa vision et qu’il ne fomente qu’un autre construit par analogie avec lui-même. »
Hello Isa. Je vois que tu es toujours sur le coup. Mois aussi ;-)
J’ai avancé un peu mes réflexions sur la "perspective numérique".
J’aimerais bien avoir ton avis...
C’est sur http://perspective-numerique.net
Ca peut se lire en mode hypertexte, ou bien mode linéaire (on peut imprimer tout ou presque)
Bises —O
Cher Olivier, je lirai certainement ton texte, et avec plaisir. Mais je vais d’abord essayer d’avancer avec ces histoires de Simorgh qui attendent depuis un bout de temps au congélateur. Ne crois pas que ce soit sans rapport avec ce qui nous intéresse ici ; quoique selon une perspective plus spéculative que numérique, il y est également question de la façon dont une multitude d’êtres se retrouvent et s’unissent. D’ailleurs, si j’ai replongé le nez dans cette affaire, c’est la faute à ton copain l’Escape ;-)
Raaah, je crains que tu n’en sortes jamais. Te reverrai-je ma copiiiiine ?
Mais oui, Olivier, nous nous reverrons.
C’est vrai que je me suis lancée dans un travail de Pénélope (peut-être que j’attends un Ulysse ?). Mais je ne suis pas inquiète, j’ai juste envie de poursuivre. Quand on réouvre ce genre de dossier, il faut en faire le tour avec les moyens qu’on a à sa disposition. Et le jour où on trouve de nouvelles ressources, on fait un nouveau tour. C’est un truc périodique. C’est comme la vie.
Alors t’en es où Pénélope ?
Entre temps, j’ai un nouveau texte (très court) :
http://perspective-numerique.net/wakka.php?wiki=IriOlivierAuberOct08
je le languis de te revoir ;-)
Salut Olivier,
Tu devrais peut-être discuter avec le responsable réseau de l’ENST et ses supérieurs pour trouver avec eux un accord plus pérenne. Après tout, n’est-ce pas un honneur pour eux d’héberger le Générateur Poïétique ? La semaine dernière, en voulant proposer une partie à mes étudiants, nous nous sommes encore une fois heurtés à une notification de serveur non disponible. C’est bien dommage !
Pour l’instant Pénélope a quelques soucis de santé, mais elle se soigne et finira bien par se remettre d’aplomb. Quand elle en a la force, elle fait le tri parmi les 34Gio de photos mitraillées pendant son Odyssée.
A bientôt, et merci de donner de temps en temps de tes nouvelles. Nous suivons tes travaux avec intérêt.