D’habitude ce lieu a le don de me rendre fébrile. Dès l’entrée la vue simultanée sur la librairie, les espaces d’exposition et la cafétéria embrouillent mes pas (imaginez Jacques Tati dans un de ses numéros de tricot-gambette). La frénésie des vidéos disséminées un peu partout et le foisonnement des sons qui se chevauchent disputent mon attention. Je me promène comme une touriste dans un souk, le regard affolé par l’abondance de produits et la marche entravée par une nuée de mendiants. Ajoutez à cela mon incorrigible voyeurisme pour les gens (il y a de ces têtes et de ces allures ! je ne m’en lasse pas), et puis les détails haut perchés de l’architecture tantôt éviscérée tantôt habillée par des expédients au moins aussi inventifs que les oeuvres, vous comprendrez mon désespoir à assimiler un monde aussi bruyant et prolifique.
Luxe rare, Mardi dernier j’avais pris mon après midi entier pour visiter l’expo GNS. Butinage dans cette ruche bourdonnante, je m’applique à faire abstraction des sons environnants pour suivre les paroles d’une vidéo de Peter Fend. Peine perdue, le volume est trop bas pour ne pas couvrir le son d’une vidéo voisine, elle aussi inintelligible pour les mêmes raisons, et ainsi de suite... Au bout de vingt minutes de cette gymnastique acoustique, Poufff ! Panne de courant.
Silence... Quelques gardiens s’agitent et se croisent sans bruit comme des poissons dans un monde sous marin. Les visiteurs continuent leur ronde, tout glisse. Un brouhaha s’élève, mais ce n’est que l’averse qui se déchaîne momentanément dehors. Retour au calme, la lumière du jour est filtrée par des carrés de draps fixés sous la verrière.
J’ai poursuivi tranquillement ma visite en lisant les légendes des cartes de Wim Delevoy, les textes du panneau de Thomas Hirschhorn, les textes des affiches de Henrik Olesen, les lettres d’ambassades collectées par Matthieu Laurette et les textes de tous les cartels. C’était comme regarder les pubs à la télé quand on a coupé le son : le sentiment d’une acuité retrouvée.
Ai-je raté quelque chose ?
Le lieu a beaucoup changé depuis son ouverture. Il ressemble de plus en plus à un espace d’exposition "classique", mais bon ça n’est pas le sujet.
GNS est une bonne exposition, mille fois meilleure que "Hardcore", et si le Palais de Tokyo maintient ce cap, je pense que tout le monde pourra s’en feliciter.
Il me semble que ces derniers temps la prog s’est améliorée, et que diverses initiatives méritent d’être saluées, comme la mise en ligne du site Tokyoskool (un site inclassable), ou la création d’un forum pour que chacun s’exprime librement.
Merci pour votre point de vue et pour le lien vers TokyoSkool, Julien.
Certes, GNS est une exposition intéressante, et à mon humble avis, Hardcore ne l’était pas moins. Tant que le Palais de Tokyo restera le chantier permanent et mouvant qu’il est depuis son ouverture, il offrira toujours quelque curiosité appréciable à glaner ici ou là. Mais oui ! Ne boudons pas notre plaisir ni l’esprit d’initiative et de risque qui anime ce lieu. Et puis reconnaissons le : la cafétéria est vraiment bien, outre les rencontres fortuites avec des amis, on a toujours d’agréables surprises gastronomiques pour des prix fort raisonnables. La dernière fois j’y ai mangé une très bonne pastèque, et une autre fois encore, pour 7,50 euros seulement, un gigot d’agneau mitonné avec du gratin de courgettes et un assortiment de verdures tout à fait délicieux . Alors n’allons pas chipoter sur les mérites comparés des diverses expositions ;-)
Cela dit, il est vrai que pour l’expo GNS, devant l’enfilade de textes, de graphiques et de cartes à déchiffrer, je me suis demandé s’il ne serait pas plus confortable de les consulter sur catalogue, tranquillement assis dans un fauteuil ; qu’est-ce que je gagne à traîner ma carcasse tout au long des cimaises ? Que gagnent les cartes de Wim Delevoy à être luxueusement montées sous plexiglas, et les lettres d’ambassade collectées par Matthieu Laurette sous verre ? Nonobstant le thème de l’expo et le décloisonnement de l’espace, la topographie de mon parcours se réduisait pour l’essentiel à une revue linéaire de tableaux-textes encapsulés dans des intervalles juxtaposés. Seuls les jeunes artistes qui occupaient l’espace expérimental de la mezzanine tentaient quelque chose qui justifie un déplacement physique. Mis à part ce bout de mezzanine, j’ai l’impression d’avoir feuilleté un livre avec mes pieds. Passe encore ; si Beuys pensait avec son genou, je peux bien lire avec mes pieds. Après tout il se pourrait que l’épreuve physique donne une autre prégnance à l’acte de lecture. Bien que je n’en sois pas encore parfaitement convaincue, je veux bien retenir cette hypothèse.
Mais pourquoi une partie des cartes, comme la moitié du panneau de Hirschhorn, est accrochée à une hauteur qui les rend illisibles ? Pourquoi disséminer des vidéos, tantôt brailleuses, tantôt chuintantes, qui se parasitent mutuellement dans tout le bâtiment ? Pourquoi mettre des documents sous des vitres brillantes qui rendent la lecture malaisée ? On dirait qu’en acceptant de montrer les travaux dans de telles conditions, les commissaires comme les artistes se sont déjà résignés à l’idée que de toutes façons personne ne prendra la peine de déchiffrer ou d’écouter quoi que ce soit, l’important étant de perpétuer un rite de présence, de créer, comme dans les supermarchés, une ambiance d’animation et d’abondance qui comblerait d’avance le présupposé d’un manque. Le déploiement systématique des cartels didactiques qui accompagnent les oeuvres répond à la même inquiétude, la crainte de l’incapacité des oeuvres à faire sens, ou la crainte de l’incapacité du regardeur à en percevoir le sens.
Par chance, grâce à cette panne de courant, j’ai pu visiter l’exposition dans le calme. J’ai peut-être raté une ou deux vidéos, mais j’ai pu constater que la plupart des oeuvres sont bien assez éloquentes pour pouvoir se passer d’explications. En définitive, la surenchère pédagogique des cartels me paraît faire partie du même attirail de bruitage et de gavage qui confond profusion avec plénitude.
Je suis d’accord avec vous : il est inutile de comparer Hardcore et GNS, ça n’apporte rien. Néanmoins il faut reconnaitre que "Hardcore" déçoit un peu dans le sens où le titre même de l’exposition nous incite à penser que l’on ne ressortira pas indemne de cette expérience artistique, or il faut bien avouer que la superficialité de l’exposition n’était en rien compatible avec le terme "hardcore".
Concernant GNS, vos remarques me semblent tout à fait justes. Finalement un catalogue ou un bon site Internet auraient peut-être mieux servi les propos des artistes. Il est d’ailleurs déplorable que le site de GNS soit aussi mauvais. Finalement la navigation de Tokyoskool (que je considère pour ma part comme faisant partie intégrante de l’expo GNS) me semble plus adaptée et intelligente.
bonjour,
je tombe par hasard sur votre site et constate que j’ai un homonyme : julien chamoux, est-il possible d’obtenir son adresse e-mail ou de lui communiquer la mienne, d’avance merci
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