Bien qu’il y ait toujours quelques amis ou connaissances qui y participent, j’ai toujours la flemme d’aller aux nuits blanches. Régulièrement, je dois essuyer la honte devant celui ou celle qui me demande : es-tu venue à la nuit blanche ? As-tu vu la "pièce" que j’ai présentée à la nuit blanche ? Eh bien non, désolée, se taper l’aller retour de 70 km dans un Paris encombré alors que je le fais presque tous les jours de la semaine pour aller au travail, me donne un goût de punition. Un vernissage de temps en temps les soirs de semaine pour faire plaisir à l’un ou à l’autre, passe encore, ça roule, mais le Samedi c’est l’enfer et ça me rappelle une heure de colle récoltée au lycée je ne sais plus dans quelles circonstances.
Mais ô joie, cette année il y a une nuit blanche tout près de chez moi, dans le domaine du château de Versailles avec des oeuvres in-situ de J.M.Alberola, P.Bouchain, D.Buren, M.Couturier, M.Crasset, P.Méfano, F.Scurti, A.Séchas. Bon, c’est sûr, aucun de ceux là ne viendra quémander ma visite ; j’irai cependant les voir puisqu’ils viennent si près. La page de présentation n’est peut-être pas très belle mais le programme est alléchant. Ils n’on pas intérêt à me décevoir :
"une ambiance de garage au musée des Carrosses
la cour du Grand Commun illuminée pour l’enchantement
à l’Orangerie, une oeuvre, prêtée par la Fondation Cartier pour l’art contemporain, exposée pour la première fois
un incroyable jeu d’optique sur la Grande perspective
de furtives apparitions dans les Appartements de Mesdames
... et encore d’autres surprises."
Ah ! une nuit blanche sans renoncer au bon air et à l’ambiance récréative du week-end !
Je suis sûre que même les parisiens auront envie d’en profiter ;)
Et ça tombe bien, c’est de 18h à 1h du matin, donc j’aurai le temps de participer à la méga-session du Générateur Poïétique qui aura lieu dans l’après-midi (oui, c’est promis, je vous en reparlerai, il y a un petit changement d’horaire : ce sera de 14h30 à 17h30 et ce sera projeté en direct pendant la visio-conférence. Des précisions dès demain...)
P.S. destiné aux blogueurs : avez-vous remarqué que sur le site de la nuit blanche il y a un onglet "Les blogueurs en parlent" ?
(c’est en flash, je ne peux pas vous donner de lien direct). Mais pour l’instant la liste en dessous est vide...
C’est vachement bien qu’il y ait des événements sur versailles.
C’est dommage que le blog ne soit pas inscrit sur le site Nuit Blanche...
Si la réussite d’une nuit blanche se mesure au nombre de visiteurs qui se sont déplacés, on pourra dire que celle de Versailles fut un triomphe.
Versailles est très vaste. Ses rues, ses places, ses allées, ses parcs sont tellement surdimensionnés que d’habitude ils paraissent à moitié déserts. Mais Samedi soir Versailles était noir de monde.
Je m’attendais à une charmante promenade nocturne en compagnie de quelques curiuex et amateurs versaillais, et nous nous sommes retrouvés en train de déambuler avec la foule. La nuit blanche fut une longue procession d’environ trois kilomètres où les gens se suivaient à la queue leu leu, car à l’acceuil, dès 21h30 il n’y avait déjà plus de plans du parcours. A part cette pénurie de plan, tout était très bien organisé. Il y avait des policiers ou des pompiers à tous les coins de rue, des barrières métalliques se dressaient dans un périmètre de 500m autour du château, et à mesure que l’on s’approchait du château la densité des barrières et du public allait en augmentant. A l’intérieur du parc, les voies autorisées à la circulation des piétons étaient soigneusement cernées avec des barrières et à intervalles réguliers des vigiles surveillaient les brèches. Une fois engagé dans ce circuit, il n’y avait pas d’autre issue que de suivre le troupeau.
Nous avons vu des barrières, encore des barrières. Je n’en ai jamais vu autant de ma vie.
Traversée de l’orangerie aux voûtes grandioses : de loin en loin, derrière quelques barrières surnuméraires placées en hémicycle se signalait quelque chose de légèrement incongru, hâtivement assemblé avec des moyens de fortune, et c’était sans doute de l’art contemporain. Un ruban de plastic rouge et blanc (ceux utilisés pour cerner les zones de travaux sur la voie publique) doublé d’un panneau arborant un chiffre, apportait au chaland l’assurance qu’il venait de marquer un point. Oui, ce qu’il voyait là dûment indexé des signes de l’interdit et du "work in progress" c’est de l’art vivant, c’est fait par des artistes qui se bagarrent bec et ongles pour avoir la fierté d’exposer là. Au demeurant, il était impossible de savoir (en l’absence de plan légendé) de qui étaient les oeuvres. Je soupçonnais ici un mauvais erzatz de Guilio Paolini, là un remake prétentieux des anamorphoses de Jan Dibbets, ailleurs une interprétation lourdingue des subtiles installations de Koo Jeong-A, mais aucun de ces artistes ne sont au programme.
Il y a quelques années je m’irritais des propos de Nathalie Heinich lorsqu’elle épinglait l’absence de public de l’art contemporain. Avant-hier soir j’avais honte de voir tant de monde se déranger pour si peu ; j’aurais préféré que Nathalie Heinish ait encore raison.
Dans le parc, derrière les grandes haies taillées au cordeau, des chênes majesteux lançaient leurs silhouettes tourmentées vers le ciel nocturne. Il a fallu refouler les tentations d’échappée bucolique pour participer au concert des milliers de pas qui faisaient crisser le gravier des allées. J’ai pris mon mal en patience en caressant un doux caillou oublié au fond de ma poche depuis le week-end du mois dernier à Etretat.