Le 27 août, on apprenait par Le Nouvel Observateur, qu’à la Tate Britain de Londres, une oeuvre de l’artiste allemand Gustav Metzger, intitulée "Nouvelle création de la première présentation publique d’un art auto-destructif" (1960) a été mise par mégarde à la poubelle par une femme de ménage.
On peut comprendre l’erreur de cette dernière ; l’objet en question est un sac poubelle rempli de cartons et journaux, placé sous une table recouverte de divers débris (mais c’est bien entendu l’ensemble de cette disposition qui compose l’oeuvre).
Le plus drôle dans cette affaire, c’est l’émoi du conservateur qui est allé rechercher in-extremis l’original dans le local à ordures du musée, sachant que les oeuvres de cette nature sont en principe réactualisables. C’est d’ailleurs ce qu’a bien signifié Metzger, lorsqu’informé de cet incident, il a décidé que l’exemplaire récupéré était trop abîmé et qu’il fallait le remplacer.
Mais le sens de la préservation de la valeur étant quelque chose de trop profondément enraciné chez les conservateurs, il a fallu que l’on prenne de nouvelles mesures à la Tate en recouvrant l’oeuvre pendant la nuit afin que les femmes de ménage comprennent bien qu’il ne faut pas y toucher. Le personnel a été averti de cette mesure.
Au passage, on notera que la formation du petit personnel dans les musées d’art contemporain passe par l’oblitération des oeuvres.
Je ne serais pas surprise outre mesure, si demain on m’apprenait que cette oeuvre de Metzger est dument assurée, alors que l’"inestimable" Cri de Munch volé la semaine dernière à Oslo, ne l’était pas.
Extraits d’une anthologie de textes de Gustav Metzger, par Pit Schultz, sur nettime-1ATDesk.nl
« Art arises from the feeling and the knowledge that the
line between a generative and a destructive reality is
paper-thin. »
Gustav Metzger [From a lecture given as part of SoFA Events series at
the Glasgow Film Theatre, 8 November 1996, organized by
Ross Birrell and Alice Angus]
« Auto-destructive paintings, sculptures and
constructions have a life time varying from a few
moments to twenty years. When the disintegrative
process is complete, the work is to be removed from the
site and scrapped. »
Gustav Metzger, Auto-destructive art, London, 4th November, 1959
« Auto-destructive art is an attack on capitalist values
and the drive to nuclear annihilation. »
Gustav Metzger, Auto-destructive art, Machine art, Auto-creative art, 1961
La question qui subsiste, c’est pourquoi Metzger a voulu remplacer l’objet ? Son dessein n’était-il pas déjà pleinement accompli par sa disparition ?