Ce week end, la coordination des intermittents et précaires d’Ile de France organise une rencontre qui se donne pour objectif de défendre la valeur des productions culturelles et relationnelles qui ne se comptabilisent pas dans l’économie marchande.
Le productivisme vire à l’« anti-production » dont parlait Félix Guattari. Au lieu d’enrichir la vie individuelle et collective, il condamne des populations grandissantes à l’inexistence, et chacun à un formatage subjectif déresponsabilisant. Elle assujettit la production intellectuelle et sensible aux machines de la « big science » et du spectacle, de la normativité comportementale.
A partir des pratiques diverses de production/circulation/ usages des savoirs, de la culture et des formes de vie, nous entendons promouvoir d’autres visions de la richesse comme bien commun. Chercheurs, artistes, enseignants, ingénieurs, mais aussi chomeurs, mères de familles, habitants et usagers de territoires et services plus ou moins dégradés, nous savons le prix des gestes souvent non rétribués par lesquels nous rendons possible un vivre et un vivre ensemble sur cette planète. Nous souhaitons partager les possibles qu’ouvrent ces pratiques au-delà de leurs territorialités spécifiques et de leur capture par l’« usine-monde ».
Au programme de ces journées, nombre de questions éminemment intéressantes, parmi lesquelles :
Aujourd’hui, quelles instances décident et formatent les contenus cognitifs et sensibles qui déterminent nos formes de vie ? Effectuons un premier repérage à travers deux piliers de nos sociétés : la science et la publicité.
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comment sont validées les orientations de la recherche scientifique ?
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comment la violence publicitaire impose des modèles de vie, produit de l’identité ?
Samizdat.net : Bien commun : refonder des pratiques sociales
Mais la question récurrente sur laquelle nous buttons toujours, c’est de savoir quelle économie nous pouvons défendre pour la constitution de ce bien commun ?
De quoi vivons nous ?
Sur la liste de diffusion de copyleft_attitude, ces questions resurgissent régulièrement et donnent lieu à des threads interminables. Elles ne trouvent leur issue que dans l’épuisement des interlocuteurs.
Une économie d’assistance perfusée à coup de subvensions ne risque-t-elle pas à terme d’instrumentaliser ces pratiques en les entraînant dans la grande roue de l’"usine monde" ?
N’y a-t-il pas un paradoxe à vouloir trouver un modèle économique légitime pour des pratiques qui trouvent surtout leur valeur à n’être qu’intersticielles, marginales ou dérivatives ?
Evidemment, je n’ai pas de réponse satisfaisante. En attendant mieux, j’ai tendance à penser qu’il faut avoir le courage d’assumer l’absence de solution stable, de modèle économique idéal, et accepter d’être constamment dans l’invention-adaptation d’alternatives provisoirement viables à petite échelle, voire à échelle individuelle. L’exemple de l’un peut inspirer l’autre, mais ne peut s’ériger en système.