ReadingTheCity, un projet d’Eric Maillet (et Al), a été réalisé en direct durant 5 jours, 24h/24, à l’occasion de la Biennale d’Ogaki, Japon (février 2004), et fait actuellement l’objet d’une exposition à l’Espace Paul Ricard à Paris, exposition organisée par la revue Synesthésie.
Le projet consistait, pour plusieurs groupes de personnes équipées de téléphones-vidéo, à se promener dans la ville et filmer des espaces publics. Les séquences devaient répondre à une série d’instructions que l’artiste leur envoyait par SMS. Ces instructions laissent une large part à l’interprétation des joueurs. Par exemple : "définir une idée du no man’s land" ou bien "comprendre un lieu où les gens aiment se rencontrer".
Les équipes prennent le temps de préparer leur réponse en fonction des lieux où ils se trouvent. Ils peuvent à tout moment visionner l’ensemble des séquences déjà envoyées et diffusées sur le web, pour décider à quel moment ils enverront le leur. Cela leur donne un peu de contrôle sur les choix de montage.
L’originalité de ce travail, c’est qu’à la différence d’un moblog, les séquences ne sont pas affichées dans des fenêtres successives, mais dans la même fenêtre selon leur ordre d’édition. Résultat, l’ensemble compose un seul film collectif. Le montage final est le fruit d’une coordination plus ou moins régulée à distance par les différentes équipes, une sorte de "cadavre exquis" qui se visionne et se forme simultanément. Une certaine cohérence thématique est cependant assurée par les instructions qui apparaissent sous forme d’inter-titres entre les différentes séries de séquences.
Intéressant, le mode de coopération des équipes qui conservent leur autonomie tout en ayant quelques possibilités d’interaction. Bien que les moyens mis en oeuvre et les résultats visuels soient très différents, ce principe de fonctionnement n’est pas sans rappeler celui du générateur poïétique d’Olivier Auber dont j’ai déjà parlé ici, et dont il sera sans doute à nouveau question sur transactiv.exe dans quelques temps.