Pour cet été, il était question d’entreprendre des travaux réfection du site Transactiv.exe. Mais ce chantier, pourtant nécessaire après 5 ans de fonctionnement, devra attendre son heure, car l’occasion de vivre une aventure aussi passionnante qu’une expédition avec une équipe de scientifiques, cela ne se refuse pas !
J’aurai donc le plaisir de prendre part à l’expédition MOMAR 08 - LEG 2 qui embarquera sur l’Atalante du 25 août au 14 septembre pour mener des recherches sur le champ Rainbow dans les Açores. Ma participation à cette expédition se fait dans le cadre d’un partenariat pluridisciplinaire entre l’IPGP (Institut de Physique du Globe de Paris) et le CÉRAP (Centre d’études et de recherches en Arts plastiques). C’est une chance rare !
L’objectif de ce partenariat est d’interroger les processus de création que chacun met en œuvre dans son domaine de recherche, selon des points de vue qui pourront être infléchis ou rafraîchis par la fréquentation d’autres disciplines. Mon projet, intitulé « L’artiste en agent de transactivation entre art et sciences », est un programme à plusieurs étages et alvéoles. Certaines pièces seront probablement condamnées, d’autres s’ouvriront peut-être inopinément, on verra bien.
Dans le rôle de l’âne parmi les savants, je serai immergée pendant trois semaines à bord d’un gros laboratoire flottant, en compagnie d’une vingtaine de scientifiques qui passent leurs journées à manipuler des jauges de pression, des sondes de température, des gravimètres, des sismomètres, des scies à couper les roches, des modules de colonisation biologiqes et des conteneurs sur mesure destinés à recueillir toutes sortes de petites bestioles qui réussissent à vivre là bas au fond, près des fumeurs noirs saturés de soufre... Chacun, selon sa spécialité, collecte des observations qui, mises bout à bout, contribuent à modifier notre représentation du monde. Ces scientifiques embarquent un matériel incroyable, des appareils high-tech spécialement bricolés pour résister à des situations extrêmes. Leurs prototypes sont rigolos et fascinants, et moi j’y vais pour regarder, pour essayer de comprendre comment ils conçoivent tout cela et ce qu’ils fabriquent avec. Pour ne pas être en reste, je ferai voyager des Solitons[1], je bricolerai des appeaux à sirènes et j’apporterai mes rêves d’installations subaquatiques.
Qu’est-ce qui ressortira de cette expérience d’observation et d’échanges avec des scientifiques ? Je donnerai des nouvelles de l’expédition à la rentrée, et je ferai sans doute, par vagues successives, des retours sur divers aspects de l’expérience, à mesure que cela décantera.
[1] Le plus drôle, c’est que ces Solitons seront sur un bateau qui passe le plus gros de son temps à faire du sur-place. Ah ! et si vous voulez voir quelques uns de mes Solitons, faites un tour à l’explor@dome en levant le nez sous la voûte qui en est constellée.
Ici Horta. Voici l’Atalante qui nous attend à quai. Derrière on aperçoit l’île Pico sous les nuages. Départ ce soir, pour 3 semaines sans connexion.
Pourvu qu’il y ait du vent !
Je sais, il est grand temps de remettre les pieds sur terre, mais mon esprit continue de voguer sur l’Atalante, dans ce microcosme industrieux et bouillonnant, espace d’échanges d’autant plus intenses qu’il était suspendu au milieu de l’océan. C’est que les expériences les plus fortes sont aussi celles dont il est le plus difficile de revenir.
Que les lecteurs et amis qui s’inquiétaient de ne pas avoir de nouvelles se rassurent, l’expédition s’est passée à merveille et bien au delà de mes attentes. Je ne mesure pas encore la portée de tout ce que j’ai emmagasiné et il me reste beaucoup à apprendre pour digérer cet univers de machines, instruments, cartes, crevettes, moules, planctons et surtout de prodigieuses roches que l’on remontait dans les dragues. Les Sirènes et les Solitons furent au rendez-vous, à tous les étages. Bref, je ne suis pas déçue du voyage. Cependant il faudra attendre pour avoir des récits plus détaillés de l’expédition.