Merci à Maria Wutz et à Bernard Guelton qui se sont empressés de me signaler cette parution. Le journal Le Monde publie aujourd’hui, un article de Jean-Michel Normand, sur L’attroupement-éclair, un étrange rituel urbain.
Sauf quelques références utiles à des études sociologiques, comme il se doit, l’article n’apporte pas grand chose de nouveau par rapport à tout ce qui a été maintes fois ressassé sur différents sites. Si, le temps passant, les sites qui continuent à s’intéresser aux foules éclair sont de plus en plus précis dans leur façon de retracer l’historique du phénomène, cet article en reste encore à une approche et à des datations relativement imprécises. Ainsi, le 1er Flashmob NewYorkais serait daté du 2 juillet, alors que selon les déclarations de son inventeur, un dénommé Bill, le premier flashmob (raté) a eu lieu fin mai. Cela aura été un coup d’essai pour le second, beaucoup plus réussi du 17 juin. (toutes mes excuses à la communauté des blogueurs, ce lien a tant circulé que je ne sais plus à qui en attribuer la trouvaille)
Mais une autre petite inexactitude rapportée par l’auteur de l’article s’avère beaucoup plus intéressante. En effet, Jean-Michel Normand écrit : "le gourou californien Howard Rheingold va plus loin. Il entrevoit déjà l’avènement des smartmobs, "foules intelligentes", reliées par Internet, insaisissables et imprévisibles, dont la capacité de mobilisation pourrait renouveler les formes d’activisme politique et social". En fait, Howard Rheingold n’a rien prophétisé. Il s’est contenté, dans son ouvrage Smart-mobs, d’observer des exemples de mobilisations politiques utilisant internet et des téléphones mobiles : "Street demonstrators in the 1999 anti-WTO protests used dynamically updated websites, cell-phones, and "swarming" tactics in the "battle of Seattle." A million Filipinos toppled President Estrada through public demonstrations organized through salvos of text messages."
La dimension "prophétique" des propos de Rheingold est sans doute à mettre au compte du génie du titre de son ouvrage, qui a toutes les qualités de concision et de richesse sémantique qui en assurent le caractère viral. Il apparaît ici, que l’observation d’un phénomène et sa conceptualisation à travers une formule fortement condensée mais parlante, contribuent à modifier le phénomène, à l’accélérer, mais peut-être aussi, à en neutraliser l’efficacité offensive.