Nous n’étions arrivés que la veille au soir et je n’étais pas encore familiarisée avec l’équipement de cette maison de vacances louée pour une semaine, sur la côte bretonne.
Dès le matin, encore groggy de sommeil, c’est fermement arrimée à ma tasse de thé en guise d’esquif que j’ai dû embarquer, bien malgré moi, pour une virée en mer parmi les redoutables écueils qui entourent l’île de Bréhat. A chaque gorgée, je risquais un coup d’oeil par dessus bord où j’apercevais le fond marin qui ne demandait qu’à m’engloutir. Et je buvais, je buvais, le thé chaud sucré, pour ne pas me noyer.
Si seulement je pouvais accoster sans me fracasser sur un de ces récifs, je me promènerais entre les maisons, et là, parmi les étalages d’un magasin de souvenirs, je trouverais le même set de table, redressé dans son présentoir telle une carte postale géante. Au lieu de plonger dans l’image, je musarderais devant, avec le projet de demander au marchand une enveloppe géante avec un timbre géant pour envoyer d’énormes bisous à ma maman. Debout, je n’aurais plus le vertige. J’affronterais l’image avec l’aplomb des hommes libres, ceux qui ont la faculté de régler la distance convenable avec l’objet de leur désir.
J’en étais là de mes cogitations, quand pour ne rien arranger, j’ai découvert un autre archipel sur la table de la salle à manger.