Des images qui défilent, des parcelles de lumières qui s’entremèlent et chaque fois, ce temps pour reconnaitre, pour plonger dans l’image, pour laisser sa beauté se déployer, s’étendre et perdre le regard jusqu’à ne plus vraiment voir.
Mais cette fois, la tranquillité de ma contemplation est troublée. L’image m’interpelle et je n’arrive plus à trouver la beauté. Je m’attache à l’orgue, à ce qui n’est pas dit. J’oublie l’image, j’en ai tant d’autres en tête. Evidemment. C’était le mien. Mes doigts d’enfant ont exploré longuement chaque touche, chaque bouton, collé des gommettes un peu partout, d’abord au hasard, puis, un peu plus tard,sur des touches stratégiquement choisies.
Je m’attarde, m’exclame, souris, verse une larme puis change. De nouveau, la succession des images me replonge dans la beauté, chacune enfouissant mon orgue un peu plus profond dans la benne de mes souvenirs.
Tout ce que je n’ai pas su dire, ni voir, ni entendre, est dans le regard de Mâh : le bonheur d’avoir la pleine lune pour miroir.
"Le miroir est l’amour, l’âme-soeur de la chambre
Où tout d’elle : le lustre en fleur, les bahuts vieux,
La statuette au dos de bronze qui se cambre,
Se réfléchit en un hymen silencieux
Car l’amour n’est-ce pas n’être plus seul et n’est-ce
Pas se doubler par un autre meilleur que soi ?"