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Copyleft Session, récit 1.1

La valeur d’échange de mes 5 euros
Publié le samedi 22 mars 2003 à 16:55:11 par Isabelle Vodjdani

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read-me, tirages de la LAL par Daltex
photo I.V.

Rassurez- vous, je ne vais pas vous faire un cours sur l’histoire de copyleft attitude et de la licence art libre. Tout cela est déjà sur le site artlibre.org, vous n’avez qu’à suivre le lien.

Le dernier épisode, celui de la copyleft Session est déjà bien assez compliqué à raconter et je m’en contenterai. Comme d’habitude, la manière dont je m’y suis trouvée impliquée débute avec un petit rien qui finit par m’absorber toute entière. Le contraire m’aurait déçue, alors je ne vais pas me plaindre.

Je me laisse tenter

L’affaire s’est enclenchée quelques semaines avant le vernissage, quand Antoine Moreau, qui organise la plupart des événements touchant à la licence art libre, lançait sur la liste de diffusion de « copyleft-attitude » un appel pour rassembler des équipements informatiques et divers matériaux, dont des « objets divers pour volumes (cartons, boîtes, etc.) ». Des boîtes en carton ? J’en ai bien 6 mètres cubes chez moi. Presque toutes sont retournées comme des gants. Certaines sont déjà disposées dans des caisses sous forme de compositions amovibles, le reste est empilé, dans des caisses aussi, prêt pour d’autres usages. Durant 6 ou 8 ans je les ai trimbalées et combinées dans nombre de situations dont des expositions, mais depuis deux bonnes années tout cela hibernait gentiment, comme moi qui ai donné si rarement signe de vie sur la liste pendant ce temps. Alors si ces boîtes peuvent faire le bonheur de quelqu’un... Pourquoi ne pas leur faire prendre un peu l’air ? A force de tourner et de retourner ces emballages, à force de les combiner et recombiner, ils étaient devenus pour moi comme ces petits monstres horripilants que l’on a hâte de coucher pour avoir enfin la paix. Mais si on a le malheur d’aller les voir dans leur sommeil, ils redeviennent d’adorables petits anges. Là, on n’a plus qu’une envie, c’est de les voir se réveiller, sourire, babiller et même pleurnicher comme avant. Et voilà comment, avec ses histoires de volume en carton, Antoine m’a remis le nez sur ces boîtes que je m’étais si bien appliquée à oublier.

Placer un travail sous licence art libre ? Permettre à quiconque d’en reproduire, réactualiser, ou modifier le principe à sa guise ? Pas de problème. Si la nature du travail s’y prête bien, ce serait absurde de ne pas en tirer toutes les conséquences. Là aussi, c’est comme les bébés. Au début on veut les garder pour soi toute seule et on a peur du moindre risque d’égratignure. Mais ça fait un bout de temps que les miens ont troqué leurs couches culottes contre ces machins qui laissent le nombril à l’air et s’effilochent à ras du macadam. Malgré ce gâchis vestimentaire, ils m’ont appris à leur faire confiance en montrant leur capacité à frayer avec d’autres personnes, à évoluer et s’éduquer ailleurs que dans le giron maternel. Finalement, ce n’est pas plus mal de leur lâcher un peu les baskets (qu’ils ne lacent d’ailleurs jamais !).

S’aventurer dans une entreprise collective dont les règles du jeu sont déjà esquissées par d’autres ? C’est déjà moins facile. Le premier réflexe de mon petit ego face à ce genre de situations est de se ratatiner vite fait dans sa coquille en adressant un petit salut condescendant aux braves gens qui voudront bien prendre part au jeu. Pourtant, il y a une voix qui me tarabuste, elle s’amplifie, elle devient pleine, si pleine qu’elle en est dépourvue de pesanteur. Elle tempête : Qui d’Autre saurait être maître du Je ? Et, la voix fluette de mon petit ego traqué, de plus en plus ratatiné, de se rappeler tout d’un coup : Mais j’en suis, des autres ! Et encore la voix de ma petite machine à raisonner qui grince : Serait-on moins aliéné lorsque l’on se soumet aux règles tacites et anonymes d’une exposition conventionnelle, aussi branchée soit-elle ?

Et puis je vais vous dire franchement : j’en ai assez des expos où chacun barbote dans son petit pré carré, j’en ai assez des monsieur qualité-prix qui font leur audit en arpentant des allées soigneusement ménagées entre les prés carrés. Des allées spacieuses pour qu’ils aient une belle vue, pour qu’ils aient de la distance, pour souligner par anticipation l’aura encore hypothétique des oeuvres. Des allées sécurisées pour qu’ils ne se fassent pas mal, des allées propres pour qu’ils ne salissent pas leurs chaussures, des allées bien dessinées pour qu’ils ne perdent pas de temps. J’en ai assez de jouer moi aussi les monsieur qualité-prix, de distribuer des bons points ou des mauvais points, de me forger coûte que coûte une opinion et de me figurer que ces opinions pourraient me tenir lieu d’identité. Vivement la mêlée !

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"la place des choses", détail
photo J.Z.


Donc, me voilà partante pour la copyleft session. Je le sais d’expérience, ce sera touffu, confus et animé, même si Antoine semble vouloir y apporter un certain ordre en cherchant à distinguer un espace expo et un espace atelier. Je me conforme à cette bipartition en promettant des boîtes oeuvres et des boîtes non-oeuvres ; la différence est négligeable, elle ne tient qu’à ce qui est revendiqué comme une combinaison et une mise en situation. Je promet aussi de contribuer à la couverture photographique de l’événement.

Le 15 février, je débarque à la galerie éof avec une dizaine de caisses contenant des compositions de boîtes dites « la place des choses ». Après plusieurs essais de mise en place, je finis par les aligner le long d’un mur dans l’espace expo. Le 18, un peu avant le vernissage, je dépose dans l’espace atelier, section volume, un lot de 5 caisses remplies de boîtes retournées à l’état de stock plus quelques caisses vides, pliées et adossées dans un coin. Ce dernier lot servira de matière brute.

Une fois sur place, je commence à mieux comprendre le fonctionnement probable de la copyleft session.

L’atelier

La galerie est sur deux étages. D’abord un entresol auquel on accède tout de suite et qui constitue l’espace atelier. On y entre librement. Cet espace est vaste : il y a un coin pour les ordinateurs, un coin pour les volumes, un coin pour la peinture, et un pour le dessin. Tout est pimpant : de grandes tables, des chaises, un bon éclairage, un stock généreux et varié d’outils et de matériaux bien beaux, bien neufs, qui donnent envie de se mettre à l’ouvrage. Pour le moment, il n’y a encore personne d’autres qu’Antoine, Serge et Kiko, les responsables de la galerie, qui disposent de la documentation sur les tables. Antoine tient à ce qu’il n’y ait aucune oeuvre exposée à cet étage. Tout y sera considéré comme de la matière brute. Pas de cartel, pas de nom, pas de mode d’emploi ou de protocole d’action autre qu’un implicite « faites ce que vous voulez avec ce qu’il y a ».

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l’atelier
photo J.Z.

Ce parti-pris qui exclut à priori les contributions réactives, interactives ou trop prévisibles me surprend, me réjouit, mais ne me rassure pas pour autant. L’allure sympathique et douillette de cet atelier évoque une classe de maternelle à laquelle il ne manquerait que les niaiseries en gouache et gommettes. A partir de là, tout est possible : la régression vers des activités de niveau maternelle, le détournement de l’atelier en simple lieu de rencontre et de bavardage, ou encore la contemplation passive de l’atelier comme une installation artistique signée Antoine Moreau.

Vous allez me dire que rien n’interdit d’apporter une contribution mûrement élaborée dans une autre fabrique, personne n’est obligé de se soumettre à la règle de la production spontanée et instantanée que cet atelier semble encourager. C’est vrai, là dessus, le communiqué de presse est clair. Mais les habitudes culturelles aidant, il est difficile de ne pas assimiler cet atelier au fatras de dispositifs interactifs ou participatifs déjà trop communs qui réduisent la marge de manoeuvre du visiteur infantilisé à une animation de pacotille.

Est-ce que là aussi les participants vont devenir les otages de ces formes édulcorées d’expression libre qui se soldent en définitive à jouer le débile de service dans le dispositif artistique d’un méta-auteur ? Se laisseront-ils réduire en chair à canon pour la bataille d’un général ? Déserteront-ils ? Se placeront-ils au rang des spectateurs pour observer la mêlée ?
D’emblée, l’annonce de la « carte blanche à Antoine Moreau » qui introduit le communiqué de presse surdétermine la situation. Dans ces conditions, comment investir cet atelier ? Comment ne pas en devenir simplement le jouet ou le figurant ? Comment se l’approprier véritablement ? Comment éviter à l’inverse que cet effort d’appropriation ne détourne l’entreprise de sa vocation collective ? La partie s’annonce très serrée.

J’ai peur, j’ai le trac, je fuis vers le sous-sol.

Le goulot d’étranglement

Pour descendre au sous sol, il faut d’abord montrer patte blanche devant un petit stand installé en haut de l’escalier. Je dis un stand, mais c’est en réalité une simple petite table derrière laquelle se tient Nicole Ciry, une dame discrète et drôlement patiente, qui excelle à faire respecter les seules règles auxquelles personne ne peut déroger : soit on paye 5 euros pour avoir le droit d’être un simple spectateur, soit on contribue à l’exposition avec une réalisation dûment référencée par un cartel.

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badges copyleft réalisées par Antoine Moreau
photo T.R.

Dans les deux cas on a le droit de choisir un badge arborant le « C » inversé de copyleft dans le grand saladier.
Il y en a de toutes les couleurs et de toutes les formes, on peut le mettre comme on veut et c’est déjà plus sympathique que les sinistres tampons que vous collent à même la peau les videurs dans les boîtes de nuit. Le joyeux désordre des couleurs qui tressautent dans le grand saladier me fait jubiler : je fouille, je brasse, je les veux toutes, je veux oublier mon appréhension avec ce genre de futilités. Je crois bien que j’ai porté mon badge à l’envers pendant toute la soirée. Je ne sais plus, je n’ai pas vraiment fait attention. Je l’ai porté comme un petit accessoire qui rappelait opportunément la teinte de mes collants.

Mais trêve d’enfantillage, le plus important sur ce petit stand, ce sont les cartels. Des exemplaires de ce cartel traînent sur toutes les tables. Ils se présentent comme un petit formulaire en papier de 7 x 21 cm que chacun doit compléter. Une case pour le titre et le descriptif de l’oeuvre, une case copyright pour la date et le nom de l’auteur, une autre case copyright pour désigner éventuellement le ou les oeuvres successives dont l’auteur s’est inspiré, et pour finir, la mention copyleft référencée à la licence art libre qui figure déjà sur le formulaire. Avant de descendre pour installer oeuvre et cartel quelque part dans l’espace d’exposition, chacun doit remplir ce petit formulaire. Il y a des stylos, des adhésifs, de la patafix à disposition sur le stand, et en cherchant un peu on trouve toujours des clous et des marteaux qui traînent dans un coin.

On dirait un bureau d’enrôlement de volontaires : une ration, un fusil, et hop ! signez là. Un badge, un cartel, et hop ! signez là. Si c’est pas du prosélytisme ça ? Eh bien je vais vous en rajouter encore une couche : Avec mon badge et mon cartel j’engage simplement une oeuvre, et je l’engage à quoi ? A circuler librement. En principe mon corps et ma personne restent à peu près indemnes, je veux dire par là que je peux continuer à les asservir à mon patron, mes étudiants, ou mes enfants, aux rayonnages bien quadrillés de mon supermarché favori, aux agences de voyage, aux heures de ramassage des ordures ménagères, et même à Microsoft. Et si cela ne suffit pas à flatter mon individualisme anarcho-petit-bourgeois nuancé de romantisme, je peux encore aller élever des chèvres en Corrèze histoire de voir comment elles me feront tourner en bourrique.

Comme vous le voyez, je reste parfaitement libre. J’ai notamment pris la liberté d’imprimer mon cartel sur le modèle de ceux qui sont en circulation ici, parce que je suis pinailleuse et que je tiens à spécifier que selon les termes de la licence, la liberté de diffuser ou de modifier le travail s’applique aux éventuelles copies ou réactualisations de celui-ci. Je montre donc mon petit cartel à la dame, je lui dis que mon travail est déjà installé en bas, et je passe.

L’exposition

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les oranges de Mami alias ano-nyme
photo I.V.

Le sous sol est désigné comme l’espace d’exposition. L’éclairage y est plus chiche et les murs sombres. Antoine a veillé à ce qu’il n’y ait pas trop d’oeuvres déjà installées avant le vernissage. Pour le moment, il y a Mami alias ano-nyme qui étale ses oranges, ses gobelets, et le nécessaire de pressage sur le bar. Daltex est en train d’installer une vidéo-projection avec deux amis. Je reconnais Frederic Goudal. Il est de tous les workshop, party, et autres évènements copyleft depuis presque trois ans. Je salue, je ne veux pas déranger, je me réfugie derrière ma caméra et je commence déjà à prendre quelques photos. l’espace est encore bien dégagé. Il y a seulement mes boîtes, quelques photos, version imprimante, de Jeremie Zimmermann accrochées ici ou là, 5 tirages numériques de Robert Cottet sur un des rares murs blancs du sous sol, et deux ou trois tableaux négligemment adossés au mur à ras du sol. Ah oui, j’oubliais, il y a aussi une peinture d’Antoine, et puis d’autres photos, et puis Julien Chevy en chair et en os qui distribue sa signature personnelle sous copyleft. A chaque fois que je lève le nez de mon écran LCD je vois apparaître comme par enchantement de nouvelles personnes, ou de nouveaux travaux.

Ghislain Mollet-Viéville m’interrompt dans mon round photographique. Nous visitons ensemble le peu qu’il y a à voir. Il me dit qu’il a payé 5 euros pour avoir le droit de ne rien faire. Je le reconnais bien là. J’arrive à le convaincre de placer ce geste exemplaire sous licence art libre. A mon avis, on devrait lui rembourser ses 5 euros, d’autant plus qu’en bon agent et expert d’art conceptuel, il a accordé sur place, un entretien à Julien Chevy. Je filme un bout de cet entretien pour avoir aussi le son, mais bien vite des coups de marteau résonnent. Ce sont deux jeunes filles qui installent leur travail au mur ; c’est une peinture-collage semi matiériste recouverte d’une figure, le tout en contrastes de noir et de blanc. Maintenant, elle côtoie les tirages satinés et colorés des compositions abstraites engendrées en ligne par Robert Cottet.

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accrochage de "pull scan" , A. Paillard
photo I.V.

Les gens arrivent peu à peu, accrochent ou posent leur travail, collent leur petit cartel à côté, se promènent et discutent. Voilà Jean-François et son ami Walter, alias les Acolytes de l’art, qui s’amènent avec tout un tas de choses d’esprit à la fois cynique et ludique. Côté graphisme et qualité de tirage ils ont plutôt bien assuré. Ici ils posent une affichette assortie de gommettes copyleft que chacun peut se coller où il veut, ailleurs un livre d’or près d’une autre affichette vous encourage à copier votre voisin. Ils me demandent de commencer, je ne comprends rien à leur jeu, je laisse une bafouille à propos de voisins, quels voisins ? Je comprends seulement après, quand l’intervenant suivant reprend et modifie ma bafouille.

Je retourne à mes photos. C’est qu’il faut suivre la cadence de tout ce qui s’ajoute de minute en minute ! Il y a des choses que je n’aime pas trop, je les photographie quand-même ; une photo pour le travail, une photo pour le cartel. Il y en a que j’aime bien, mais qui sont impossibles à photographier dans les conditions d’éclairage inégales de ce sous sol. Quand c’est trop moche et même pas drôle, je laisse tomber. Au bout d’une heure à ce rythme, je renonce carrément à juger quoi que ce soit. Ouf ! Désormais, je me contente de photographier ce que je peux quand une trouée se présente dans la foule de plus en plus dense. Encore une orange pressée chez Mami, un petit mot sur son forum de post-it, et je monte voir ce qui se trame là haut.

Allers-retours atelier-expo

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l’atelier
photo I.V.

L’atelier est en effervescence, c’est ahurissant ! les gens s’affairent, bricolent, bavardent, se mêlent du bricolage de leur voisin, passent de table en table pour chercher de nouveaux matériaux ou pour regarder. L’exposition est déjà dans l’atelier. Non, comme je le craignais, selon une conception de l’atelier comme dispositif artistique exposé, mais de l’atelier comme un lieu où les choses se montrent en cours d’élaboration. Par l’usage, les personnes qui investissent cet atelier ont créé une alternative que je ne pouvais pas imaginer tant que la situation n’était pas activée. Il y en a qui s’appliquent, longuement concentrés sur leur travail, d’autres hésitent et discutent sur les différentes possibilités qu’ils envisagent pour poursuivre une réalisation en cours. Beaucoup travaillent à deux ou trois. Certains écrivent, certains filment ou photographient, d’autres encore badinent ou gribouillent quelque chose à la sauvette pour le plaisir du jeu, ou pour économiser 5 euros. Il y a même de vrais enfants qui font d’authentiques oeuvres de niveau primaire ou maternelle.

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l’atelier,
photo I.V.

Autant cette activité devient captivante à observer, autant il est difficile de ne pas se laisser entraîner par cette frénésie du bidouillage. Chacun se place tour à tour dans les deux positions. Faire et voir deviennent des actes concomitants. Beaucoup de personnes qui ont déjà apporté un travail préparé à l’avance, se remettent à l’ouvrage parce que les choses vues sur place leur donnent de nouvelles idées, mais aussi pour le plaisir d’expérimenter cette dynamique.

Inutile de vous dire qu’avec une telle cadence de production, l’entrée de l’escalier est devenue un vrai goulot d’étranglement. Après quelques allers et retours entre les étages de plus en plus saturés, après avoir photographié, filmé un peu, bavardé beaucoup et bidouillé quelques petites choses lâchement signées de divers pseudos, je quitte finalement la soirée, l’esprit en suspens.

Séances photo

Chose promise, chose due, je reviens sur les lieux 3 jours plus tard pour faire encore des photos. Deux ou trois personnes tout au plus tripotent des choses dans l’atelier. En bas, Antoine est déjà au travail, en train de prendre en note les références de toutes les contributions. Jeremie Zimmermann ne tarde pas à arriver pour faire aussi des photos.

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la caverne d’Ali Baba
photo A.M.

Maintenant que la vue est plus dégagée, le spectacle paraît déconcertant : C’est un fouillis de choses hétéroclites parsemé d’étiquettes blanches. C’est une caverne d’Ali Baba avec des trésors en papier, un capharnaüm, une gigantesque chambre d’adolescent bricoleur et désordonné qui aurait la curieuse manie de tout étiqueter. Il y a des trucs accrochés, posés, suspendus, projetés, des trucs qui se chevauchent, qui s’encastrent, qui tiennent tant bien que mal, des trucs colorés, des trucs conceptuels, techno, conventionnels, abstraits, faciles, élaborés, sérieux, drôles, absurdes, des trucs à écouter, à transformer, à compléter, et partout, partout, ces fameux cartels en papier. En principe ils sont proprement collés près de chaque chose exposée, mais bien souvent, collé à la va vite, le cartel en papier frise, gondole ou pendouille, c’est une vraie gigue ! Tout cela me saute à la figure comme les pop-up d’un site porno dont le flux, impossible à contenir, ouvre deux ou trois nouvelles fenêtres à mesure que l’on en ferme une. L’affolement me gagne, je cherche les touches Ctrl+Alt>Suppr>fin de tâche. Mais non, je ne rêve pas, c’est bel et bien du réel. Je m’attèle donc à la tâche en ratissant patiemment l’enfilade des oeuvres de droite à gauche et de haut en bas, en alternant systématiquement une photo pour l’oeuvre, une pour le cartel.

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coin de caverne
photo I.V.

Bien vite, je m’aperçois que c’est seulement par ce fastidieux travail de cadrages successifs que je peux enfin voir les choses. De cette façon, j’arrive à leur prêter un minimum d’attention, parfois même à les comprendre et les apprécier. Antoine et Jeremie ne sont pas en reste. Ils remarquent de leur côté des petits trésors savoureux, et nous sommes comme des chineurs qui fouillent un vide grenier et font voir leurs trouvailles l’un à l’autre. Le 1er mars, jour du finissage, nous photographions encore de nouveaux apports et poursuivons un peu ces échanges informels d’indexation et de focalisation sur quelques éléments du gigantesque corpus qui s’agite au fond du sous sol. Ce faire voir mutuel amorce peut-être quelque chose qui serait de l’ordre de l’exposition.

Bien entendu, je n’ai pas pu venir toute seule à bout de ce travail de documentation photographique. Antoine Moreau, Jeremie Zimmermann, Arnaud Fontaine, Timothée Rolin, Frederic Goudal et sans doute d’autres personnes qui ne se sont pas encore manifestées, ont contribué à la documentation photographique de la Copyleft Session. J’ai parfois puisé dans leurs photographies pour documenter cet article. Vous trouverez la totalité de ces documents photographiques, dans de bien meilleures résolutions que les copies que j’ai réduites ou compressées ici, sur les sites suivants :
wiki-artlibre-galerie (A. Fontaine, A. Moreau, T. Vendé, I. Vodjdani), tofz.org (J. Zimmermann), otherplayer.free (T. Rolin), filh.org (F. Goudal).

N.B. : Toutes les photographies associées à cet article sont sous licence art libre. Vous pouvez redistribuer et/ou modifier leurs copies selon les termes de la Licence Art Libre. Vous trouverez un exemplaire de cette Licence sur le site Copyleft Attitude ainsi que sur d’autres sites.

Les copyright des photographies figurant dans cet article sont désignés par les monogrammes de leurs auteurs : A.M. (Antoine Moreau), T.R. (Timothée Rolin), I.V. (Isabelle Vodjdani), J.Z. (Jeremie Zimmermann).

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L’Homme Cédric, "concept qui avance dans la bonne direction...",
photo I.V.

 
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